- vêtir
- (vé-tir ; l'usage a changé, à l'infinitif, l'e ouvert en un e fermé), je vêts, tu vêts, il vêt, nous vêtons, vous vêtez, ils vêtent ; je vêtais ; je vêtis ; nous vêtimes ; je vêtirai ; je vêtirais ; vêts, vêtons, vêtez ; que je vête, que nous vêtions ; que je vêtisse ; vêtant ; vêtu, v. a.1° Couvrir de vêtements. Son valet de chambre l'a vêtu des pieds à la tête.2° Mettre sur soi un vêtement. Vêtir une robe, une camisolePar extension.• Adieu, je vais là-bas dans ma commission Dépouiller promptement la forme de Mercure, Pour y vêtir la figure Du valet d'Amphitryon, MOL. Amph. Prologue..3° Donner des vêtements à quelqu'un. Vêtir des pauvres.Vêtir un enfant, lui donner sa première robe (locution qui tombe en désuétude).4° Ancien terme de pratique. Vêtir quelqu'un d'un héritage, en mettre l'acquéreur en possession. On dirait aujourd'hui investir.5° Se vêtir, v. réfl. Mettre ses vêtements sur soi. Vêtez-vous promptement.Se vêtir à la française, à la turque, etc. suivre dans ses habillements la mode des Français, des Turcs, etc.Fig.• Vous portez en tous lieux la joie et les plaisirs ; Allez en des climats inconnus aux zéphirs ; Les champs se vêtiront de roses, LA FONT. Lett. XVIII.C'est une faute contre la conjugaison de vêtir que de dire au présent, comme Montesquieu : Ils [les Turcs] achètent les habits des pestiférés, s'en vêtissent... ; comme Voltaire : Dieu leur a refusé le cocotier qui ombrage, loge, vêtit, nourrit, abreuve les enfants de Brama ; et comme Delille : <VÊTIR, HABILLER. Vêtir est l'acte pur et simple de couvrir d'un vêtement. Habiller y joint l'idée que ce vêtement convient.• C'est ce qu'on voit dans cet exemple-ci : Il n'en porte que l'habit, sa figure en est vêtue, et point habillée, pour ainsi dire, MARIVAUX Paysan parv. 5e part..Xe s.• [Ils] vestirent haires, Fragm. de Valenc. p. 467.XIe s.• Ne il n'en fut ne vestut ne saisit [d'un fief], Ch. de Rol. CCXXXI.XIIe s.• L'empereor de France [il] tant servi, Que l'empereres li a del tot merit ; De Cambrisin an droit fié le vesti, Raoul de C. 3.XIIIe s.• Maintenant que li hom vest persone de juge, doit il devestir persone d'ami, BRUN. LATINI Trésor, p. 409.• Car c'est la plus haïe qu'ainc [onque] vestit drap de laine, Berte, LXXIV.• Quant li rois l'oï, si sali sus, et se vestit et atorna et fist sa maisnie [troupe] armer, Chr. de Rains, p. 6.• Et aussi s'aucuns me preste se [sa] robe pour mon vestir, BEAUMANOIR XXXVII, 4.• Trois cas sont, es quix [auxquels] li hoir n'emportent pas le douaire aussi vestu comme il le truevent, BEAUMANOIR XIII, 16.• Et prent on celi qui le larrecin porte, saisi et vestu du larrecin...., BEAUMANOIR LXIII, 8.XIVe s.• Quant une personne est bien vestue de robes, elle en est mieux parée, ORESME Éth. 25.• Pour ce que j'ay dit : en vous vestant, je vueil en cest endroit un petit parler de vestemens, Ménagier, I, 1.XVe s.• En une chambre belle e cointe, Vestue de beaus paremens Et de moult riches garnemens, FROISS. Poésies mss. p. 192, dans LACURNE.• L'autre dit : ce n'est [une femme mal élevée], qu'une monstre Et ainsi que buche vestue, E. DESCH. Miroir de mariage, p. 63.• Le temps n'estoit mie nueux, De bleu estoient vestuz les cieux, Et le beau soleil cler luisoit, A. CHART. Livre des quatre dames, p. 594.XVIe s.• On dedie les dieux qui sont sacrez, immortels et inviolables, en des matieres viles et de nul prix, et on les vest de figures d'hommes et de bestes...., CALV. Instit. 53.• Que employez à les vestir ? duquel drap les vestez vous ?, RAB. V, 28.• Ostez lui toute mollesse et delicatesse au vestir et au coucher, au manger et au boire, MONT. I, 183.• Entre ma façon d'estre vestu et celle d'un homme qui n'est vestu que de sa peau..., MONT. I, 259.• Il se vestoit tousjours fort simplement, AMYOT Philop. 3.• Les joueurs de tragedies, avec les accoustremens qu'ils vestent quand ils vont au theatre jouer leurs jeux...., AMYOT Démétr. 22.• Il entreprit de lui derober sa chemise vestue et en vint à bout, D'AUB. Faen. III, 3.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.