- vipère
- (vi-pè-r') s. f.1° Terme de zoologie. Genre de reptiles ophidiens, dont les espèces sont non pas vivipares, mais ovo-vivipares.• Fontana, de Florence, prouve que la liqueur vénéneuse des vipères sort du trou de deux dents, SENNEBIER Ess. art d'obs. t. III, p. 50, dans POUGENS.On y distingue la vipère commune, dite vulgairement vipère, appelée aspic dans plusieurs cantons de la France, et dont une variété est la vipère grise.• Pour la morsure de la vipère on en prend [de l'alcali volatil] depuis cinq jusqu'à dix gouttes, dans un peu de vin, d'heure en heure, pour exciter une sueur abondante, GENLIS Maison rust. t. II, p. 210, dans POUGENS.La vipère chersée, dite aussi petite vipère, vipère rouge en Suisse, et qui porte le nom d'aesping en Suède ; c'est une variété de cette espèce qu'on appelle vipère noire.La vipère céraste, nommée vulgairement céraste et aussi serpent cornu. Elle est appelée en égyptien aeg.La vipère haje, commune en Égypte et que l'on croit être l'aspic de Cléopâtre, LEGOARANT.2° L'ancienne pharmacie avait diverses préparations de vipère.• Mme de la Fayette prend des bouillons de vipères, qui lui redonnent une âme et lui donnent des forces à vue d'oeil, SÉV. 20 oct. 1679.• On prétend qu'on a vu une lettre de vous à l'impératrice de Russie, dans laquelle vous disiez : La France ressemble à une vipère, tout en est bon hors la tête, VOLT. Lett. d'Alembert, 8 juill. 1765.• La tête de la vipère, desséchée, devait combattre tous les venins et particulièrement celui de l'animal même, FOURCROY Conn. chim. t. x, p. 319.3° Fig. Personne méchante, aussi dangereuse que l'est une vipère.• Dans toutes les fureurs des siècles de tes pères, Les monstres les plus noirs firent-ils jamais rien, Que l'inhumanité de ces coeurs de vipères Ne renouvelle au tien ?, MALH. II, 12.• Heureuse contrée [les pays protestants] où l'hérétique est en repos aussi bien que l'orthodoxe, où l'on conserve ces vipères comme les colombes et les animaux innocents...., BOSSUET Déf. Hist. variat. 3.Langue de vipère, ou, simplement, vipère, personne fort médisante.• Ah ! je t'arracherai ta langue de vipère, REGNARD Fol. amour. II, 4.• Ma maîtresse pauvre ! qui vous a dit cela, langue de vipère ? ma maîtresse est très riche, VOLT. Écoss. I, 4.4° Vipère fer de lance, un trigonocéphale.5° Vipère marine, plusieurs poissons.Au XVIIe siècle, et même au commencement du XVIIIe, le genre de vipère n'était pas fixé ; quelques-uns le faisaient masculin : La patrie, indulgente mère, Ouvre son sein à ce vipère, LAGRANGE-CHANCEL, 1re Philippique. Aujourd'hui il est toujours féminin, excepté dans les patois, qui ont conservé les deux genres.XIIIe s.• Vipre est une maniere de serpent...., BRUN. LATINI Trésor, p. 194.XIVe s.• Philotecles qui avoit esté mors d'un serpent appellé vipere, ORESME Éth. 210.XVIe s.• Ainsi qu'aspicz et venimeux visperes, De vos gueulles vomissez improperes, J. MAROT V, 285.Provenç. vibra, vipera ; espagn. vibora ; ital. vipera ; du lat. vipera, de vivus, vif, vivant, et parere, enfanter. L'accent étant sur vi, a forme régulière est vipre ou guivre (voy. ce mot) ; vipère a été refait sur le latin.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.