- unir
- (u-nir) v. a.1° Rendre un.• Il faut les [emplois civils et militaires] unir dans la république, et les séparer dans la monarchie, MONTESQ. Esp. v, 19.• Le Dauphiné fut uni à la France en 1349, DUCLOS Oeuv. t. v, p. 65.2° Joindre ensemble.• Tous les oiseaux qui nagent et dont les doigts sont unis par des membranes, ont le pied court, la jambe reculée et souvent en partie cachée dans le ventre, BUFF. Ois. t. XVI, p. 288.• J'ai des occupations pour chaque heure.... j'unis les jours aux jours ; cela fait un an, puis deux, puis la vie, STAËL Delphine, I, 7.Fig.• Que désormais le ciel, les enfers et la terre Unissent leurs fureurs à nous faire la guerre, CORN. Hor. II, 3.• Je ne sépare point ce qu'unissent les dieux [la qualité d'époux et celle d'amant], MOL. Amph. I, 3.• La cour veut toujours unir les plaisirs avec les affaires, BOSSUET Anne de Gonz..• La reine a bien connu la religion et la vertu de la croix, quand elle a uni le christianisme avec les malheurs, BOSSUET Reine d'Anglet..• Unissons nos douleurs, Et par tout l'univers cherchons-lui des vengeurs, RAC. Mithr. v, 5.• Et, dans un chant plaintif conforme à ses douleurs, Elle unissait souvent et sa voix et ses pleurs, DUCIS Othello, v, 2.3° Faire que des personnes soient réunies.• Oui, je vous unirai, couple ingrat et perfide.... Oui, je vous unirai, puisque vous le voulez, CORN. Cinna, v, 2.• Je saurai le surprendre avec son Atalide, Et, d'un même poignard les unissant tous deux, Les percer l'un et l'autre, et moi-même après eux, RAC. Bajaz. IV, 4.• La vertu qui nous sépara sur la terre, nous unira dans le séjour éternel, J. J. ROUSS. Hél. VI, 12.4° Établir une communication entre. Un fleuve unit ces deux villes.• Alexandre forma le dessein d'unir les Indes avec l'Occident par un commerce maritime, comme il les avait unies par des colonies qu'il avait établies dans les terres, MONTESQ. Esp. XXI, 8.• J'ai peint Louis XIV unissant les deux mers, fondant la marine et le commerce...., VOLT. Mél. litt. Réfutation..5° Posséder simultanément. Il unit l'esprit au savoir.• À la force du sens unissez l'harmonie infuse dans vos périodes pour charmer l'oreille d'un préfet, P. L. COUR. Xe lettre au Censeur..6° Fig. Etablir un lien entre des personnes.• Recevez de ma main la coupe nuptiale, Pour être après unis sous la loi conjugale, CORN. Rod. v, 3.• J'ai une tendresse de coeur pour ceux que Dieu m'a unis plus étroitement, PASC. Profess. de foi, édit. FAUGÉRE..• Elle eut de quoi satisfaire à sa noble fierté, quand elle vit qu'elle allait unir la maison de France à la royale famille des Stuarts, BOSSUET Reine d'Anglet..• Jamais soeurs ne furent unies par des liens ni si doux ni si puissants, BOSSUET Anne de Gonz..• Par un hymen secret elle me fut unie, VOLT. Mort de Cés. I, 1.7° Fig. Procurer le rapprochement, la concorde, l'alliance. C'est un intérêt commun qui les unit.• N'est-il herbes, parfums, ni chants mystérieux, Qui puissent nous unir ces bras victorieux ?, CORN. Toison, I, 2.• Les sages du monde représentèrent en vain à saint Louis que l'habileté n'était pas d'unir ses voisins, mais de les diviser, FLÉCH. Panég. St Louis..• Plus on les veut brouiller, plus on va les unir, RAC. Andr. I, 1.8° Terme de manége. Unir un cheval, le rassembler.9° Enlever les inégalités, aplanir une superficie raboteuse. Unir une pierre. Unir une planche. Unir une allée.10° S'unir, v. réfl. Devenir un.• Seigneur, pour sauver Rome, il faut qu'elle s'unisse En la main d'un bon chef à qui tout obéisse, CORN. Cinna, II, 1.• Il se peut.... que votre sang soit encore trop échauffé, pour pouvoir s'unir à la fraîcheur du lait, SÉV. 16 fév. 1680.• Par quelle fatalité le système de Malebranche paraît-il retomber dans celui de Spinosa ; comme deux vagues qui semblent se combattre dans une tempête, et le moment d'après s'unissent l'une dans l'autre ?, VOLT. les Systèmes, note l..• J'ai annoncé que les métaux ne peuvent pas s'unir aux acides, sans être préalablement oxydés, FOURCROY Conn. chim. t. I, p. CX..• Comme l'air avec l'air, l'âme s'unit à l'âme, DELILLE Paradis perdu. VIII.11° Fig. Former des liens avec.• Fasse le ciel que nous profitions du temps, des grâces et des exemples que Dieu nous offre, et qu'après nous être unis à lui par la foi, nous jouissions de lui par la charité aux siècles des siècles !, FLÉCH. Dauphine..• Vos deux États voisins qui cherchent à s'unir, L'intérêt, la raison, l'amitié, tout vous lie, RAC. Bérén. III, 2.12° Devenir unis, en concorde.• Il est leur général, Ils combattent sous lui, sous son ordre ils s'unissent, CORN. Sertor. II, 1.Se liguer.• Que peuvent contre lui [Dieu] tous les rois de la terre ? En vain ils s'uniraient pour lui faire la guerre, RAC. Esth. I, 3.• Telle a toujours été ma destinée : sitôt que j'ai rapproché l'un de l'autre deux amis que j'avais séparément, ils n'ont jamais manqué de s'unir contre moi, J. J. ROUSS. Conf. VIII.13° S'accoupler, en parlant d'animaux.• On a vu quelques-uns de ces oiseaux s'unir et produire en domesticité, BUFF. Ois. t. XV, p. 58.M. Chapelain est du sentiment de M. de Vaugelas, et dit que ceux qui condamnent unir ensemble comme un pléonasme et une superfluité de mots, le font sans raison, VAUGEL. Rem. not. Th. Corn. t. I, p. 260, dans POUGENS. Cette observation est juste ; ensemble détermine unir, et ne fait pas pléonasme.XIIe s.• Tuz dis [toujours] est unie et estable la volenté, Rois, p. 54.XIIIe s.• Ainsinc Barat a tout honni, Par qui les biens jadis onni [égaux] Furent as gens aproprié, la Rose, 5172.• Après de son front [je] vous renonce, Qu'il est blans, onis et sans fronce, Bl. et Jeh. 261.• Comme li meffet ne sont pas onni, ne sunt pas les venjances onnies, BEAUMANOIR XXXI, 1.XIVe s.• Mais il laira ses gens ens ou païs onni, Guesclin. 17508.• Nous avons approprié, uni et annexé, approprions, unions et annexons perpetuellement à nous, à nos successeurs et au domaine de la couronne de France, DU CANGE appropriare..XVe s.• Et demeura Pietre du Bois, capitaine de Bruges, tant que ces portes, ces murs et ces fosses fussent mis à uni, FROISS. II, II, 160.• Il commença à pleuvoir une pluie si grosse et unie, et monta un vent si froid, FROISS. II, II, 17.• Fault il donc faire tous unis [traiter également] Les humbles servans et les faulx, Et que les bons soient punis Pour les pechez des desloyaux ?, AL. CHART. Oeuvres, p. 521.XVIe s.• Le pape ne peut conferer ni unir hospitaux ou leproseries de ce royaume, et n'a lieu en iceux la reigle de pacificis, P. PITHOU 61.• Numa n'eut point l'oeil à unir et applanir toute inegalité, AMYOT Lyc. et Numa comp. 5.• Avec cela s'unit à eux Bourci, qui avoit cinq compagnies, D'AUB. Hist. II, 193.• De là sur cette union il montre l'impossibilité de des-unir cette province, de lui faire, estant unie, accepter par force la division qu'ils ont à contre coeur, D'AUB. ib. II, 261.• Style equable, uny et ordonné, MONT. III, 38.Provenç. et espagn. unir ; ital. unire ; du lat. unire, de unus, un.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIREUNIR. Ajoutez : - REM. Dans les textes du XIIe et du XIIIe siècles qui sont rapportés à l'historique, uni n'a que le sens d'égal, de plan, de poli.• Mais en voici un du XIIe siècle où il a le sens de joindre : Ses chiez [sa tête, d'un évêque qui avait eu la tête tranchée] ensi fut uniz à son cors, alsi com il ne fust pas jus trenchiez, li Dialoge Gregoire lo pape, 1876, p. 131.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.