- troupeau
- (trou-pô) s. m.1° Troupe d'animaux domestiques élevés et nourris dans un même lieu.• Un sort malencontreux Conduit en cet endroit un grand troupeau de boeufs, BOILEAU Sat. VI.• Ils [les Juifs] firent d'Amalec un indigne carnage, Et jusqu'aux vils troupeaux tout éprouva leur rage, RAC. Esth. II, 1.• Apollon, dépouillé de tous ses rayons, fut contraint de se faire berger et de garder les troupeaux du roi Admète, FÉN Tél. II.• Les dispositions des codes des lois des barbares roulent presque toutes sur les troupeaux, MONTESQ. Esp. XXX, 6.• Les gens qui veulent former un troupeau et en tirer du profit, achètent des brebis et des moutons de l'âge de dix-huit mois ou deux ans, BUFF. Quadrup. t. I, p. 239.Absolument, un troupeau se dit le plus souvent d'un troupeau de brebis. Le loup attaqua le troupeau.• De toutes les opérations de l'agriculture, une des plus importantes est le parcage des troupeaux, parce qu'il augmente la fécondité de la terre, DAUBENTON Instit. Mém. scienc. t. I, p. 397.2° Il se dit des dindons, des oies. Troupeau de dindons.• Pour qu'un troupeau d'oies privées prospère et s'augmente par une prompte multiplication, il faut, dit Columelle, que le nombre des femelles soit triple de celui de mâles, BUFF. Ois. t. XVII, p. 53.3° Fig. Le troupeau de l'évêque, du curé, le peuple du diocèse, de la paroisse.• Heureux si, averti par ces cheveux blancs du compte que je dois rendre de mon administration, je réserve au troupeau que je dois nourrir de la parole de vie, les restes d'une voix qui tombe et d'une ardeur qui s'éteint !, BOSSUET Louis de Bourbon..• Il y a longtemps, ô Église, que l'on frappe sur vos pasteurs, et les troupeaux sont dispersés, BOSSUET Sermons, Église, 1.• Je parle d'un pasteur qui n'a jamais perdu son troupeau de vue, MASS. Or. fun. Villars..• Combien la religion est divine, lorsqu'au fond d'un souterrain, dans le silence et la nuit des tombeaux, un pasteur que le péril environne célèbre, à la lueur d'une lampe, devant un petit troupeau de fidèles, les mystères d'un Dieu persécuté !, CHATEAUBR. Génie, I, I, 8.Le troupeau de Jésus-Christ, l'Église.4° Fig. et par dénigrement, troupe, multitude de personnes.• ...Je crains des chrétiens les complots et les charmes, Et que sur mon époux leur troupeau ramassé Ne venge tant de sang que mon père a versé, CORN. Poly. I, 3.• Tout a fui, tous se sont séparés sans retour, Misérable troupeau qu'a dispersé la crainte, RAC. Athal. III, 7.• Vieillards, femmes, enfants, troupeau faible et timide, VOLT. Orph. I, 4.• Et puis, suis-je né pour me claquemurer dans un ménage avec une femme et un troupeau d'enfants ?, PICARD Les deux Philibert, III, 1.• Et nous, eunuques vils, troupeau lâche et sans âme, A. CHÉN. à Charlotte Corday..• L'homme de Waterloo nous dira-t-il sa vie, Et ce qu'il a fauché du troupeau des humains ?, A. DE MUSSET la Nuit de mai..XIIe s.• Saisne entrerent dedans, cinq cent à un tropel, Sax. IX.XIIIe s.• Au roc [avec le roc, la tour] [il] en prist un grant tropel [de pièces], Et dist eskec : moult li fu bel, Fl. et Bl. 2217.• Il regarde sus sa main senestre ; si vit un tropiau de Turs, là où il y en avoit bien huit qui s'estoient arestez pour veoir la jouste, JOINV. 277.• Si fist toz les cors des crestiens assambler après la bataille en une piece de terre, et chascuns i traïst moult volantiers les cors de ses amis les uns près des autres par tropeiaus, Merlin, f° 52.XVe s.• Retrancher la mauvaise chair de la bonne et la brebis rongneuse du trouppel, MONSTREL. t. II, f° 159, dans RENOUARD, Lexique..XVIe s.• Le bon pasteur, Dit l'empereur, Tond son troupeau, Sans l'escorcher, Ny grain toucher Ne cuir ne peau, LEROUX DE LINCY Prov. t. I, p. 203.• Oster les chiens pour venir à bout du troupeau, COTGRAVE .• Sottes filles à marier sont fascheux troupeaux à garder, COTGRAVE .• Fieres bestes qui se ruoient sur le bestial des populaires et le devoroient tant aumaille que troupeau, Alector, p. 82, dans LACURNE.Bourguig. tropéa ; provenç. tropel, trepel, tropeil ; espagn. tropel ; dimin. tiré du bas-lat. troppus, troupeau (voy. troupe).
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.