- blâmer
- (blâ-mé) v. a.1° Juger et prononcer que quelqu'un est digne de blâme. La première chose dont il fut blâmé. On le blâma d'avoir ainsi parlé. Blâmer la légèreté de quelqu'un, ou quelqu'un de sa légèreté.• On me blâme de ce que.... Je ne vois pas pourquoi l'on me blâme d'obscurité, DESC. Rép. 3.• Ne blâmez pas Perrault de condamner Homère, BOILEAU Épigr. 21.• Ne savez-vous pas bien que je brûle pour elle, Et que me la blâmer, c'est me faire mourir ?, MALH. V, 23.• Je les blâme tous deux d'avoir tiré l'épée, Bien que le ciel ait pris le parti de César, Et que Caton soit mort dans celui de Pompée, MAYNARD Sonnet sur Pompée et César..• Ne blâmez donc pas de fausseté ceux...., PASC. Moyens, 1.• Je ne puis te blâmer d'avoir fui l'infamie, CORN. Cid, III, 4.• S'il les [ses voeux] pousse trop loin, moi-même je l'en blâme, CORN. Sertor. III, 2.• J'ai beau vous blâmer, Lui-même il vous défend, vous excuse sans cesse, CORN. Suréna, I, 2.• Et le roi, plus piqué contre vous que contre elle, Blâmera vos frayeurs et nos légèretés D'avoir osé douter de la foi des traités, CORN. Rod. III, 2.• Je ne puis exciter ni blâmer son courage, VOLT. Alz. V, 2.Absolument.• Le sénat, dont l'approbation tenait lieu de récompense, savait louer et blâmer quand il fallait, BOSSUET Hist. III, 6.2° Terme de jurisprudence. Réprimander quelqu'un par autorité judiciaire.3° Se blâmer, v. réfl. Je me blâme d'avoir été si peu prévoyant.BLÂMER, CENSURER, RÉPRIMANDER. Il faut d'abord mettre à part réprimander, qui indique le blâme infligé par le supérieur à l'inférieur, par le maître à son élève : un précepteur réprimande son élève inattentif ; un ministre réprimande un employé. Entre blâmer et censurer, la nuance est que blâmer est plus étendu et signifie aussi bien le blâme secret que le blâme public ; tandis que censurer implique toujours une certaine solennité dans la forme, comme était l'acte du censeur à Rome : vous le blâmez, j'en suis sûr ; mais irez-vous jusqu'à le censurer ?XIe s.• Et altre qui blasmed ait esté, Lois de Guill. 16.• Que mi parent pur mei seient blasmet, Ch. de Rol. LXXXII.XIIe s.• Par eux es blasmez, Ronc. p. 14.• Se il s'enfuit, n'en doit estre blamez, ib. p. 69.• Se j'en travail [souffre], je n'en sai qui blasmer, Couci, II.• La peine de mon service Me veuillez guerredonner, Ou trop feriez à blasmer, ib, p. 119.• Que [car] mon langage ont blasmé li François Et mes chançons, oïant les Champenois, QUESNES Romancero, p. 83.• Car tost [nous] en seriens blasmé et vil tenu, Sax. XXVIII.• Li evesque se sunt encuntre lui drecié ; De la cruiz l'unt blasmé qu'il porte, e chastié, Th. le mart. 38.• En grant humilité devez à curt aler, Que nuls ne vus en puisse reprendre ne blasmer ; De pes [paix] en purra l'un vers le rei mielz parler, ib. 36.XIIIe s.• Einsi leur failli li vesques d'Ostun et li quens Guis de Forais, et Pierres Bromons et maint autres assés, qui moult en furent blasmé, VILLEH. XXXI.• Mout [elle] se blasme en son cuer et forment se demente, Berte, CXI.• Morans, ce dist li rois, n'en faites à blasmer [vous n'êtes pas à blâmer], ib. CXXXIX.• Et un pou après monsieur Jehan de Waleri revint, qui blasma le roy et son conseil de ce que il estoient en demeure, JOINV. 227.XIVe s.• Ou se il se cource [courrouce] sans raison ou autrement que par raison, il est à blasmer, ORESME Eth. 43.XVe s.• Quoi qu'on lui blamast ni desconseillast, le gentil chevalier ne s'en voulut oncques delaier, FROISS. I, I, 16.Provenç. et anc. espagn. blasmar ; ital. biasimare ; de blasphemare, qui prit le sens particulier de blâmer (voy. blasphémer). Blasphemare, terme ecclésiastique, ayant passé dans le langage vulgaire, y prit un sens général.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIREBLÂMER. Ajoutez :4° Blâmer une chose, une personne à quelqu'un, la blâmer devant lui.• Ne savez-vous pas que je brûle pour elle, Et que me la blâmer c'est me faire mourir ?, MALH. Lexique, éd. L. Lalanne..• Il [M. de Barcos] me blâma fort ceux qui parlent ou font des conférences [des cinq propositions de Jansénius], Mme DE LIANCOURT dans STE-BEUVE, Port-Royal, t. II, p. 218, 3e édit..Corneille a donné deux régimes directs à blâmer. Tout ce qu'on le blâmait (mais c'étaient tours d'école), C'est qu'il faisait mal sûr de croire sa parole, Ment. IV, 1. Cela n'est pas correct.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.