- trame
- (tra-m') s. f.1° Fil que l'on conduit avec la navette entre les fils qu'on nomme chaîne, pour faire de la toile et diverses sortes de draps et d'étoffes. Trame de soie. Trame de fil.Par extension.• Les corps organisés sont des tissus plus ou moins fins, des ouvrages à réseaux, des espèces d'étoffes dont la chaîne forme elle-même la trame par un art que nous ne nous lasserions point d'admirer s'il nous était connu, BONNET Contempl. nat. Oeuv. t. VIII, p. 204, dans POUGENS.2° Fig. Le cours de la vie, de la destinée.• Mon père est mort, Elvire, et la première épée Dont s'est armé Rodrigue a sa trame coupée, CORN. Cid, III, 3.• Il a coupé ma trame dès le commencement de mes jours, BOSSUET 4e sermon, 1er dim. de carême, pénitence, 3.• Et [Jupiter] voyait tous les chefs, dont la trame devait ce jour-là être tranchée par le ciseau de la Parque, FÉN. Tél. XVII.• Ciel ! n'as-tu conservé la trame de ma vie, Que pour tant de malheur et tant d'ignominie ?, VOLT. Ad. du Guesclin. III, 1.• J'ai eu lieu d'admirer plus d'une fois comment se noue et se dénoue la trame de nos destinées, et de combien de fils déliés et fragiles le tissu en est composé, MARMONTEL Mém. II.• [Il] Rêve de longs succès, rêve de longs amours, Et d'une trame d'or file en riant ses jours, DELILLE Imag. VI.3° Fig. Complot, ruse.• De combien de tragédies, Sans ton assuré secours, Étaient les trames ourdies Pour ensanglanter nos jours ?, MALH. II, 2.• Je sais les tours rusés et les subtiles trames Dont pour nous en planter savent user les femmes, MOL. Éc. des f. I, 1.• Ils conjuraient ce Dieu de veiller sur vos jours, De rompre des méchants les trames criminelles, RAC. Esth. III, 4.• La trame ourdie par Anitus [contre Socrate]... servait à la fois sa haine personnelle et la vengeance du parti populaire, BARTHÉLEMY Anach. ch. 67.• Espérons que le temps dévoilera toute cette trame ténébreuse de perfidies et de noirceurs, GENLIS Mères riv. t. III, p. 88, dans POUGENS.4° Nom donné à une sorte de soie moulinée.On a dit aussi trème. Fil de trème dont la laine aura été bien et dûment cardée sans mélange, Arrêt du Cons. d'État, 12 juill. 1717.XIIIe s.• Trop voit l'en en cest monde volentiers ce k'on aime ; Mes pou vault telz deduiz, car adès y fault traime, J. DE MEUNG Test. 1893.XVe s.XVIe s.• Sur le mestier d'un si vague penser Amour ourdit les trames de ma vie, RONS. Amours de Cassandre, 13.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.