- souple
- (sou-pl') adj.1° Qui se plie aisément sans se rompre, sans se gâter. Du cuir souple. L'osier est souple.Terme de médecine. Pouls souple, celui qui est souple au toucher et modérément développé.2° Il se dit des personnes et des animaux qui ont une grande facilité à se mouvoir, dont les membres se plient et se redressent aisément. Il faut être bien souple pour faire de pareils tours. Il faut avoir les mains souples pour jouer des gobelets.• Il faut voir.... Ce corps si souple et si fragile, Ainsi qu'une couleuvre agile, Fuir et glisser entre mes bras, A. DE MUSS. Prem, poés. Madrid..Terme de manége. Se dit d'un cheval qui a les mouvements liants.Il se dit aussi des choses.• L'hirondelle suit avec une agilité souple leur trace oblique et tortueuse [des insectes], BUFF. l'Hirond..Fig.• Quelle sera la suite de ce jeu [l'agiotage] souple et effrayant qui rend l'or semblable au vif-argent, et peut dissoudre la fortune des États en un tour de main ?, MERC. Tabl. de Par. 127.3° Fig. Docile, soumis, complaisant, accommodant.• Le travail continuel rend l'esclave souple, SACI Bible, Ecclésiastiq. XXXIII, 27.• Des armées.... si bien commandées et si souples aux ordres de leurs généraux...., BOSSUET Hist. III, 5.• La richesse permet une juste fierté ; Mais il faut être souple avec la pauvreté, BOILEAU Sat. I.• Et, souple à la raison, corrigez sans murmure, BOILEAU Art p. IV.• Valet souple au logis, fier huissier à l'église, BOILEAU Lutr. IV.• Jamais homme n'a été si souple, il prenait toutes sortes de formes comme Protée, FÉN. Dial. des morts anc. Alcibiade, Mercure et Caron..• Corneille, plus docile à son génie que souple aux volontés d'un premier ministre, VOLT. Comm. Corn. Cid, Préf..• Le parlement, devenu souple, en fit des remerciements comme d'une grâce, DUCLOS Oeuv. t. v, 372.• [Goffredy] né sans fortune et sans appui, mais avec un génie souple et adroit, DUCLOS ib. t. II, p. 128.• Mme de Neuillant, très souple dans la société, ne pouvait supporter, de la part des personnes qui dépendaient d'elle, la moindre opposition à ses volontés, GENLIS Mme de Maintenon, t. I, p. 96, dans POUGENS.Être souple comme un gant, être obéissant à tout sans répugnance, avec l'idée d'une complaisance excessive, servile.• Une femme a toujours le talent De rendre son époux aussi souple qu'un gant, BARON le Jaloux, IV, 1.• Sitôt que je témoignais la moindre répugnance à faire ce qu'ils désiraient, ils mettaient la main sur leurs sabres, et par là me rendaient plus souple qu'un gant, LESAGE Estev. Gonz. 8.On dit aussi dans le même sens : Avoir l'échine souple, les reins souples.XIIIe s.• Ne soies souples [humilié, abattu] ne iriés, Mais soies, s'il te plaist, tos liés [gai], GUI DE CAMBRAI Barl. et Jos. p. 218.• Che fait souples [tristes] les menestreus, Çou que li siecles n'est mais teus [tel] K'il deüst iestre par raison, BAUDOUIN DE CONDÉ t. I, p. 2.XIVe s.XVIe s.• Cette variation et contradiction qui se veoid en nous, si souple, a faict que aulcuns nous songent deux ames...., MONT. II, 6.• Le corps encores souple, on le doibt, à cette cause, plier à toutes façons et coustumes, MONT. I, 184.Lat. supplex, suppliant, de sub, sous, et plicare, plier. L'ancienne langue avait le verbe suploier, être souple. C'est un des exemples peu fréquents où un mot passe d'une acception morale à une acception physique.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.