- sonnez
- (so-né ; plusieurs disent so-nè ; l'Académie enseigne cette prononciation, mais la première est la véritable, la seconde est venue par la fâcheuse tendance à assimiler les mots voisins par le son) s. m.Terme du jeu de trictrac. Coup de dés qui amène les deux six.• Si.... Tu voyais tous tes biens, au sort abandonnés, Devenir le butin d'un pique ou d'un sonnez, BOILEAU Sat. X..• Je sais dans un trictrac, quand il faut un sonnez, Glisser des dés heureux ou chargés, ou pipés, REGNARD le Joueur, I, 10.On peut voir par les vers de Boileau et de Regnard cités plus haut qu'ils suivaient la bonne prononciation. Delille [Trois Règnes] l'a violée en ces vers : Enfin, au coin du feu, nos aimables convives Vont achever du soir les heures fugitives ; Autour d'eux sont placés des damiers, des cornets ; L'un se plaint d'un échec, et l'autre d'un sonnez. Arnaut dans sa fable des Dés a péché à la fois contre la prononciation et l'orthographe : Ces dés qui, chassés d'un cornet Pour être agités dans un autre, Par un carme ou par un sonnet Règlent ma fortune et la vôtre.XIIe s.• Li dé serunt mult tost sur ambes as turné, Qui unt esté sovent sur sines ruelé [roulés], Th. le mart. 157.XVIe s.• Senes, mon amy, c'est le grant diable, RAB. p. 43, dans LACURNE.L'anc. forme est senes ou sines ou sannes, altérée en sonnez ; elle vient du lat. seni, six (voy. six). Cependant il y a une autre étymologie d'après laquelle sonnez provient du dicton des joueurs de trictrac, s'écriant quand ils amenaient les deux six : sonnez, le diable est mort.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.