- sinon
- (si-non) conj.1° Autrement, faute de quoi, sans quoi. Que la fortune soit sans reproche, j'accepte ses faveurs ; sinon, je les refuse.• Sinon, j'en jure encore, et ne t'écoute plus, Son trépas dès demain punira ses refus, CORN. Héracl. I, 3.2° Si ce n'est.• Qu'est-ce que solliciter un juge, sinon douter de sa probité ? Je ne dirai rien de la philosophie, sinon que, voyant qu'elle a été cultivée par les plus excellents esprits qui aient vécu depuis plusieurs siècles, et que néanmoins il ne s'y trouve aucune chose dont on ne dispute, je n'avais point assez de présomption pour espérer d'y rencontrer mieux que les autres, DESC. Méth. I, 12.• Ce qui me contentait le plus de cette méthode était que par elle j'étais assuré d'user en tout de ma raison, sinon parfaitement, au moins le mieux qu'il fût en mon pouvoir, DESC. ib. II, 13.• Sinon que je n'ai pas envie de m'arrêter, j'ajouterais...., DESC. Météor. 3.• Et l'un et l'autre enfin ne sont que même chose ; Sinon, qu'étant trahi je mourais malheureux, Et que, m'offrant pour toi, je mourrai généreux, CORN. Héracl. IV, 1.• Cette montagne mystérieuse où [Jésus], ne daignant parler aux riches sinon pour foudroyer leur orgueil...., BOSSUET Sermon, Septuagés. I.• Qui peut de vos desseins révéler le mystère, Sinon quelques amis engagés à se taire ?, RAC. Bajaz. IV, 7.• Vous qui, sinon pour moi, du moins pour votre gloire, Deviez de cet esclave étouffer la mémoire, VOLT. Alz. III, 5.Sinon, avec de explétif devant un infinitif.• Après quoi il ne me reste plus autre chose à faire, sinon de m'écrier avec le prophète...., BOSSUET Serm. Septuag. 3.• Pour être heureux, que faut-il, sinon de ne rien désirer ?, BUFF. Morc. choisis, p. 68.On met quelquefois ou devant sinon : Obéis à l'instant, ou sinon tu seras châtié. Des grammairiens ont blâmé cet ou, qui en effet est pléonastique, mais n'a rien de choquant.XIe s.• Ne me crerez se de vostre prod nun, Ch. de Rol. XV.XIIe s.• Onques en lor jouvente [ils] ne firent se mal non, Sax. III.XIIIe s.• Ne jà, por pooir que nous aions, ne sera recouvrée [la terre sainte] se par ceste gent non, VILLEH. XXXVIII.XVe s.• De sa jeunesse ne sçauroye parler, sinon par ce que je luy en ay oui dire, COMM. Prol..XVIe s.• Comme si nous n'estions pas desjà par trop enclins à vanité, sinon [sans] qu'on nous mist devant les yeux une compagnie de dieux bizarres...., CALV. Instit. 23.• Il commande de cercher Dieu en son temple, afin que les fideles ne s'adonnassent sinon à celui qui s'estoit declaré par sa parole, CALV. ib. 52.• Dieu ne requiert rien plus estroitement, sinon que nous observions son sabbat, CALV. ib. 217.• Si nous ne taschons à faire gain, sinon qu'honneste et legitime, CALV. ib. 306.• Rien n'est, sinon Dieu, parfaict, RAB. Pant. III, prol..• Monseigneur, je n'estimerai jamais temps perdu, sinon celui où je ne vous pourray fere service, MARG. Lett. CVIII.• Venus respond, sentant bien de Junon Le feint parler, qui ne tendoit sinon à destourner le sceptre d'Italie...., DU BELLAY 4, 9, recto..• L'amour se guarit par la faim, sinon par le temps, MONT. II, 221.• Exemptes de toute autre besongne, sinon que de filer la laine, AMYOT Rom. 30.• ...Un estranger, Qui n'a rien seur sinon que le danger, RONS. 641.Si 1, et non. L'ancienne langue, comme on a vu, séparait si de non.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.