- révérer
- (ré-vé-ré. La syllabe vé prend un accent grave quand la syllabe qui suit est muette : je révère, excepté au futur et au conditionnel : je révérerai) v. a.Honorer avec un sentiment de crainte respectueuse.• Ils [mes amants] m'ont su révérer si fort jusqu'à ce jour, Qu'ils ne m'ont jamais dit un mot de leur amour, MOL. F. sav. II, 3.• Elle [l'Église catholique] défend expressément de croire aucune divinité ou vertu et efficace dans les images, pour laquelle elles doivent être révérées, ni d'y mettre et attacher sa confiance, BOSSUET Proj. de réun. des protest. Explic. des points de controv..• Je veux confondre le monde par ceux que le monde même révère le plus.... et ne lui veux donner pour le convaincre que des docteurs assis sur le trône, BOSSUET Duch. d'Orl..• De quoi vous plaignez-vous, madame ? on vous révère, RAC. Brit. I, 2.• Les cieux instruisent la terre à révérer leur auteur, J. B. ROUSS. Odes, I, 2.• Locke est révéré dans toute l'Europe comme un sage, VOLT. Dict. phil. Superstition..Il se dit des choses en un sens analogue.• Alexandre révérait la vertu et la véritable gloire, VAUGEL. Q. C. VIII, 14.• Pendant que le prince se croit le plus grand objet sur la terre des regards du genre humain, il en doit révérer l'attention, et considérer, dans chacun des hommes qui le regardent, un témoin inévitable de ses actions et de sa conduite, BOSSUET Polit. X, VI, 9.• Les sujets ont cessé d'en révérer les maximes [de la religion], quand ils les ont vues céder aux passions et aux intérêts de leurs princes, BOSSUET Reine d'Anglet..• Souvenez-vous de ces cabinets [la maison de Mme de Rambouillet] ....où l'esprit se purifiait, où la vertu était révérée sous le nom de l'incomparable Arténice...., FLÉCH. Duch. de Mont..• Je l'ai vu révérer la cendre de mon père, VOLT. Oreste, IV, 3.XIIe s.• Altresi les destrenche e tue, Cum fait la fauz l'erbe menue ; Nes [ne les] redute ne nes revire, Od [avec] le cler brant en fait martire, BENOIT II, 1115.XVIe s.• Chemine droit et revere justice, AMYOT Cimon, 11.• La constance et la foy, de moy tant reverée, DESPORTES Épitaphes, Diane, 7.• Je ne vouldrois importuner une personne que j'ay à reverer et craindre, MONT. III, 372.Ital. riverire ; du lat. revereri, de re, et vereri, craindre.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.