- réfléchir
- (ré-flé-chir) v. a.1° Renvoyer en arrière, en retour, par un choc. La montagne réfléchissant le bruit du canon.• La lumière s'affaiblit quand elle a été réfléchie par quelques corps, FONTEN. Mondes, 2e soir..• Cette lumière éclatante que nous recevons du soleil et que la terre réfléchit sur la lune, ne doit plus être qu'une lumière blanchâtre quand elle y est arrivée, FONTEN. ib..• L'air ébranlé est sujet à des répercussions qui le réfléchissent, qui, produisant des échos, répètent la sensation, J. J. ROUSS. Ém. II.• Les glaces étamées, lorsqu'elles sont polies avec un peu de soin, réfléchissent plus puissamment la lumière que les métaux les plus polis, BUFF. Hist. min. Introd. Oeuv. t. VII, p. 144.• Plus loin, c'est un beau lac qui réfléchit les cieux, DELILLE Jard. IV.• L'eau te réfléchit grande et belle, Ton sein forme un heureux contour, BÉRANG. Prisonn..• Oui, bientôt d'un ciel pur Vos yeux, brillants d'ivresse, Réfléchiront l'azur, BÉRANG. Orage..Fig.• La gloire des grands hommes réfléchit son éclat sur leurs descendants, Dict. de l'Acad..• Malgré moi, du passé le cruel souvenir Réfléchira son ombre affreuse Sur les derniers moments de mon triste avenir, SAURIN Beverlei, II, 7.• La source de mes jours comme eux [ruisseaux] s'est écoulée...... Mais leur onde est limpide, et mon âme troublée N'aura pas réfléchi les clartés d'un beau jour, LAMART. Méd. I, 6.• Il faut, pour réfléchir cet astre tutélaire [la liberté], Que, pur dans tous ses flots, le fleuve populaire Coule à l'ombre du trône appuyé sur les lois, V. HUGO Odes, II, 6.2° V. n. Rejaillir, être renvoyé, répercuté. La chaleur du feu réfléchit de la plaque dans la chambre.• Quoi ! si je lance un trait, ô rigoureuse loi, Pour me percer le coeur il réfléchit sur moi, TRISTAN M. de Chrispe, V, 5.Fig.• Ces placards pouvaient intimider le roi, et, par contre-coup, réfléchir sur Mme de Pompadour, DUCLOS Oeuv. t. X, p. 244.• Dans le cas où le mari, ayant vendu le bien propre de la femme sans son consentement, est garant de la vente, et dans tous les autres cas où l'action de la femme réfléchirait contre le mari, Code Nap. art. 2256.• La honte de cette action réfléchit sur tous ceux qui y ont participé, Dict. de l'Académie.3° Fig. Penser mûrement et plus d'une fois à quelque chose. Réfléchissez sur les propositions qui vous sont faites. Réfléchissez-y mûrement.• Réfléchir c'est recevoir, au-dessus des mouvements corporels et au-dessus même des sensations, une lumière qui nous rend capables de chercher la vérité jusque dans sa source, BOSSUET Connaiss. V, 8.• Rien ne conserve mieux l'habitude de réfléchir, que d'être plus content de soi que de sa fortune, J. J. ROUSS. Ém. IV.• Réfléchir n'est qu'une certaine manière de sentir, c'est la sensation transformée, CONDIL. Art de rais. I, 3.• Dans un être qui réfléchit, la liberté est essentiellement la même que dans un être qui ne réfléchit point ; mais, dans un être qui réfléchit, la liberté est plus étendue, BONNET Ess. anal. âme, 16.4° Se réfléchir, v. réfl. Être réfléchi, renvoyé en arrière, en retour.• Comment la lumière se réfléchissait des planètes et des comètes vers la terre, DESC. Méth. V, 2.• La cavité intérieure de l'oreille paraît être un écho où le son se réfléchit avec la plus grande précision, BUFF. De l'ouïe..• Ce vent qui vient frapper contre les hautes montagnes des Cordillères doit se réfléchir à d'assez grandes distances dans les terres, BUFF. De l'homme, Variétés..• Le mouvement de réflexion est une preuve certaine de la compressibilité des corps ; car ces corps ne peuvent pas se réfléchir, si aucun d'eux n'est élastique, BRISSON Traité de phys. t. I, p. 26.• La lumière, comme les corps élastiques, en tombant sur ces surfaces, se réfléchit sous un angle égal à celui de sa chute, BAILLY Hist. astr. mod. t. II, p. 451.• Les étoiles étincelaient au ciel et se réfléchissaient au sein de la mer, qui répétait leurs images tremblantes, BERN. DE ST-PIERRE Paul et Virginie..Avec suppression du pronom personnel.• J'entrepris.... d'ajouter quelque chose du soleil et des étoiles fixes, à cause qu'elle [la lumière] en procède presque toute ; des planètes, des comètes et de la terre, à cause qu'elles la font réfléchir, DESC. Méth. V, 2.Fig.• Il [Jésus] se cache encore en lui-même [dans le sein de Marie], mais il se réfléchit sur saint Jean [dans le sein d'Élisabeth], BOSSUET 1er sermon, Visitation, 2.• Il y a une espèce d'insensibilité cruelle à sacrifier sans nécessité ceux [animaux] surtout qui nous approchent, qui vivent avec nous, et dont le sentiment se réfléchit vers nous en se marquant par les signes de la douleur, BUFF. Quadrup. t. II, p. 138.• C'est une idée lumineuse d'Aristote que la croyance que l'on donne à un fait se réfléchit sur l'autre, quand ils sont liés avec art, MARMONTEL Oeuv. t. VIII, p. 477.5° Terme de grammaire. L'action du verbe se réfléchit sur son sujet, par exemple : il se tourmente ; alors le verbe est dit réfléchi.6° Dans le langage de la botanique, devenir réfléchi, recourbé en arrière, en dehors. Les étamines de cette corolle se réfléchissent.Dans le langage de l'anatomie, revenir sur soi-même. Le péritoine se réfléchit en cet endroit.Bouhours, Nouv. remarques, dit : Beaucoup de gens font réfléchir neutre. Afin... qu'ils n'eussent pas seulement le loisir de réfléchir sur l'état présent des choses, ST-RÉAL., Ce n'est pas parler fort purement. Tous nos bons auteurs disent toujours faire réflexion. " Il se retracte p. 462 de la Suite des Remarques.XIVe s.• Le diaphragme se reflecist en haut vers les costes, et s'ahert [s'attache] duc [jusqu'] à la darreniere coste, H. DE MONDEVILLE f° 25.XVIe s.Provenç. et espagn. reflectir ; ital. riflettere ; du lat. reflectere, de re, et flectere, fléchir. Le sens de penser, méditer, se rattache à l'expression latine reflectere animum, reporter son esprit sur quelque chose.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRERÉFLÉCHIR. - REM. Ajoutez :2. Au sens de penser mûrement, on a fait quelquefois réfléchir actif. Nul ne réfléchit l'habitude, MIRABEAU, cité dans Revue philosophique, avril 1876, t. I, p. 362, c'est-à-dire : Personne n'obéit à l'habitude par réflexion.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.