- retentir
- (re-tan-tir) v. n.1° Rendre, renvoyer un son éclatant.• Saint Jean-Baptiste.... appela tous les pécheurs à la pénitence, et fit retentir de ses cris tout le désert, BOSSUET Hist. II, 6.• Alors les cris redoublèrent, et durant deux heures la place publique retentissait de ces mots : La grande Diane des Éphésiens !, BOSSUET ib. II, 12.• Le Jourdain se troubla, et tous ses rivages retentirent du son de ces lugubres paroles Comment est mort cet homme puissant qui sauvait le peuple d'Israël ?, FLÉCH. Turenne..• De nos cris douloureux la plaine retentit, RAC. Phèd. V, 6.• Salomon multiplie les concerts, et son palais retentit de toutes parts de chants de volupté et de réjouissance, MASS. Carême, Enfant prod..• L'occasion d'entendre quelques-uns des prédicateurs qui font retentir les églises de Rome pendant le carême, STAËL Corinne, X, 2.Fig.• Le P. Bourgoing était sur ses bancs [de l'école de théologie], faisant retentir toute la Sorbonne du bruit de son esprit et de sa science, BOSSUET Bourgoing..• Les provinces qu'elle a autrefois édifiées par sa piété et par les aumônes qu'elle y a répandues, retentissent du bruit de ses louanges, FLECH Duch. de Mont..• La terre a retenti assez de la simonie qui valut à ce Borgia la tiare, VOLT. Pol. et lég. Droits des hommes, acquisitions..On dit de même : Tout retentit du bruit de ses exploits.• Et déjà dans le port Tout retentit de nos prouesses, MOL. Amph. I, 1.2° Faire ou produire un bruit éclatant. Ce coup de tonnerre a retenti avec une grande force dans la montagne.• Ils firent retentir les trompettes avec un grand bruit, SACI Bible, Machab. I, III, 54.• Ô nuit désastreuse, nuit effroyable où retentit tout à coup, comme un éclat de tonnerre, cette étonnante nouvelle : Madame se meurt, Madame est morte !, BOSSUET Duch. d'Orl..• Appelez tout le peuple au secours de son roi, Et faites retentir jusques à son oreille De Joas conservé l'étonnante merveille, RAC. Ath. V, 3.Fig. Ses louanges retentissent partout.• Les prophètes faisaient retentir de tous côtés.... les menaces de Dieu, BOSSUET Hist. II, 4.• Toutes ces trompeuses invitations à jouir du beau temps de la jeunesse, qui retentissent partout dans les poésies [de Quinault], BOSSUET Comédie, 3.• Je voudrais que le récit de toutes les injustices retentît sans cesse à toutes les oreilles, VOLT. Pol. et lég. la Méprise d'Arras..• Quoi ! du siècle passé le fameux satirique Aura fait retentir la trompette héroïque !, VOLT. Fontenoi..• C'est à Bernoulli qu'on doit Euler, dont le nom retentit aujourd'hui dans toute l'Europe et à juste titre, D'ALEMB. Éloges, Bernoulli..• Des noms célèbres pendant leur vie, mais qui retentissent plus faiblement de génération en génération, STAËL Corinne, XVIII, 3.3° Fig. Retentir dans l'âme, dans le coeur, se dit de paroles, de cris qui font une forte impression sur l'âme.• Chacune de ses paroles retentissait jusqu'au fond de mon coeur, et me causait des tressaillements, GENLIS Voeux témér. t. II, p. 125, dans POUGENS.• Et le cri de la mort retentit dans mon âme, DELILLE. Parad. perdu, XI.Il se conjugue avec l'auxiliaire avoir.XIIe s.• Desoz les piez est li mons retentis, Ronc. p. 72.XIIIe s.• De la noise que il menoient, Trestoz li airs retentissoit, Et toz li cielz en fremissoit, Ren. 11875.• Ferai ci-près tel cornerie, Que tot entor moi, sanz mentir, Ferai bois et plain retentir, ib. 15981.XVe s.• Elle estoit tant blanche de chair, qu'il estoit advis que celle blancheur retentist par sa beauté à l'encontre de ses vestements, qu'estoient d'un vermeil samit, Perceforest, t. V, f° 9.XVIe s.• Il [un chien] se prit à japper à pleine gorge, et feit retentir tout ce quartier là du bruit de son abboy, AMYOT Aratus, 9.• Au retentir d'un valon, le son d'une trompette semble...., MONT. II, 362.Re..., et l'ancien verbe tentir, qui vient, indirectement et par tinnitus, du lat. tinnire ; prov. retentir, retendir ; esp. retiñir ; portug. retinnir.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.