- bander
- (ban-dé) v. a.1° Serrer avec une bande.• .... Octave passant s'est donné le souci De bander ma blessure...., ROTR. Vencesl. IV, 2.Garnir de bandes de pâte une tourte ou un godiveau.En termes de marine, bander une voile, y coudre des morceaux de toile.Dans la bijouterie, redresser une moulure.Au jeu de trictrac, bander les dames, mettre trop de dames sur une flèche.Au jeu de paume, bander une balle, pousser dans les filets avec la raquette une balle qui roule sur le pavé.Terme d'architecture. Poser les pierres d'une voûte.2° Mettre un bandeau sur les yeux. Il faut bien bander le colin-maillard de peur qu'il ne voie.• Nous allons entrer dans l'enceinte, Çà, ne me bandez pas les yeux, BÉRANG. V, cap..• Ordonneriez-vous qu'on vous bandât les yeux pour ne pas voir le danger ?, MASS. Car. Mort..3° Tendre quelque chose avec effort. Bander un câble.• Il banda cet arc en présence des ambassadeurs, BOSSUET Hist. III, 3.• De son arc toutefois il bande les ressorts, LA FONT. Fab. VIII, 27.On a dit jadis bander un pistolet, un fusil, parce que l'étincelle était produite par un rouet qu'on était obligé de monter comme on monte une pendule. On dit aujourd'hui armer.Fig.• Je veux bander contre sa vie L'ire de la terre et des cieux, MALH. III, 3.• M. de Rheims se permit tant de brutalités et d'incartades, qu'il banda entièrement l'assemblée contre lui, SAINT-SIMON 78, 14.Vieux en ce sens.Bander son esprit, l'appliquer fortement à une chose.• Bandant bien tous les ressorts de son esprit pour voir clair en cette aventure, SCARR. Rom. com. IIe part. ch. 15.4° V. n. Être tendu. Cette corde bande trop.Terme de chasse. Un limier bande sur le trait, quand il tire sur la corde qui le retient. Bander au vent, se dit du faucon qui se tient sur les chiens en faisant la cresserelle.5° Se bander, v. réfl. Se tendre.• Les muscles s'affermissent, les nerfs se bandent, BOSSUET Conn. de Dieu, II, 12.• Le diaphragme dont l'usage est d'allonger la concavité de la poitrine en se bandant...., SCARR. ib. II, 2.Fig. Se roidir contre quelqu'un, quelque chose, lui être contraire.• Qui voudrait se bander contre une loi si forte ?, RÉGNIER Sat. III.• Ces zélés faquins qui excitent le peuple à se bander contre nous, VOLT. Moeurs, 134.• Garde que les Perses un jour ne se bandent contre toi, P. L. COURIER II, 158.Vieux en ce sens.XIIe s.• [à] Gautier [il] en bande [avec un pan de son habit] les flans et les costez, Ronc. p. 94.• À or bendé sont si chevol [cheveux] tressé, ib. p. 186.• L'escu [il] saisi, qui fu à or bendez, Raoul de C. 23.• L'enfes Bernier.... D'un siglaton [sorte d'étoffe] a la teste bandée, ib. 71.• Estroitement avoit les poinz noez, Et si avoit andeus les euz bandez, Bat. d'Aleschans, 5633.XIIIe s.• Li concile fu asamblez, Et Renart ot les iaux [yeux] bandez, Ren. 11066.• Por ce li oil bendé li furent Des anciens qui la congnurent [la fortune], la Rose, 6197.XIVe s.• Li chevaliers anglois qui fu en pamoison, Quant il revint à lui, il n'ot se dolour non ; On lui banda le bras et loia environ, Guesclin. 10200.XVe s.• Et estoit grand pitié, car le pere contre le fils, le frere contre le frere estoient bandez, JUVÉN. Ch. VI, 1417.XVIe s.• Cette contention de l'ame trop bandée et trop tendue à son entreprinse, MONT. I, 41.• En ces faultes nous sommes bandez à nostre escient contre les reigles de la raison, MONT. I, 54.• Bandant son ame à comprendre l'essence de...., MONT. I, 91.• Lucrece a beau philosopher et se bander, le voylà rendu insensé par un bruvage amoureux, MONT. II, 19.• Je m'estonne, dict-il, comment les italiens se bandent contre moy, MONT. III, 90.• Il avoit dejà bandé sa part de deux douzaines d'esteufs, et jouoit à l'acquit, DES PÉRIERS. Contes, XII.• Il portoit une cape à l'espagnole, bandée de velours, DES PÉRIERS. ib. LXVIII.• Une auge, bandée de lames de cuivre, AMYOT Rom. 9.• Estant la Grece fort affoiblie en ce temps là, et les citez bendées en partialitez les unes contre les autres, AMYOT Philop. 12.• Il avoit un de ses bas de chausses bandé [jarreté] au haut de la cuisse, D'AUB. Faen. II, 3.• Un caparasson bleu bandé [rayé] de blanc et de jaune, D'AUB. ib. II, 18.• Son pistolet tout bandé, D'AUB. ib. III, 6.• Ayant fait jusques là porter les tambours sur l'espaule, se voiant descouvert, les fait bander et battre aux champs, D'AUB. Hist. I, 289.• Il pria le bourreau de ne le bander point, D'AUB. ib. II, 131.• Vous et moi bandons sur le trait [passons, hâtons-nous] pour venir à cette grande bataille des trois Rois, D'AUB. ib. II, 390.• Si on prenoit le peritoine tant d'un costé que d'autre, il banderoit et se deschireroit, PARÉ VIII, 35.Bande 1.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.