- prêtre
- (prê-tr') s. m.1° Celui qui préside aux cérémonies d'un culte religieux quel qu'il soit. Les prêtres du paganisme. Et il [Jéroboam] prit des prêtres dans les derniers du peuple, qui n'étaient pas des enfants de Lévi, Bible, Rois, III, XII, 31.• Où suis-je ? de Baal ne vois-je pas le prêtre ?, RAC. Athal. III, 5.• Quand un prêtre dit : Adorez Dieu, soyez juste, indulgent, compatissant, c'est un très bon médecin ; quand il dit : Croyez-moi ou vous serez brûlé, c'est un assassin, VOLT. Dict. phil. Prêtres..• Nos prêtres ne sont point ce qu'un vain peuple pense Notre crédulité fait toute leur science, VOLT. Oed. IV, 1.• Ramenés par Marie au temps de nos ancêtres, Verrons-nous revenir la puissance des prêtres ?, P. LEBRUN Marie St. IV, 7.Fig.• Vous savez qu'en Italie même il y a eu autrefois un galant homme qui composa un hymne à la déesse Paresse, et qui fit gloire d'être le prêtre de cette déesse, BALZ. liv. I, lett. 5.• Ptolémée à César par un lâche artifice, Rome, de ton Pompée a fait un sacrifice ; Et je n'entrerai point dans tes murs désolés Que le prêtre et le dieu ne lui soient immolés, CORN. Pomp. V, 1.2° Particulièrement. Celui qui, dans l'ancienne loi, était consacré au service du tabernacle et du temple.• Éléazar fils d'Aaron, grand prêtre et prince des lévites, sera au-dessus de ceux qui veilleront à la garde du sanctuaire, SACI Bible, Nomb. III, 32.• Les prêtres ne pouvaient suffire aux sacrifices, RAC. Athal. I, 1.• Qui donc opposez-vous contre ces satellites ? - Ne vous l'ai-je pas dit ? nos prêtres, nos lévites, RAC. ib. I, 2.3° Dans l'Église catholique, celui qui, en vertu de l'ordre du sacerdoce, a le pouvoir de dire la messe et d'administrer les sacrements.• Madame appelle les prêtres plutôt que les médecins ; elle demande d'elle-même les sacrements de l'Église...., BOSSUET Duch. d'Orl..• Carlostad avait introduit une nouveauté étrangement scandaleuse ; car il fut le premier prêtre de quelque réputation qui se maria, et cet exemple fit des effets surprenants dans l'ordre sacerdotal et dans les cloîtres, BOSSUET Var. II, 14.• Les plus grands persécuteurs qu'ait Jésus-Christ ne sont pas les laïques, mais les mauvais prêtres, BOURDAL. Myst. Pass. de J. C. t. I, p. 175.• Dieu, dont la providence destine les juges pour gouverner son peuple, comme elle destine les prêtres pour le sanctifier, FLÉCH. Lamoignon..• En vain, la peur sur lui [pécheur] remportant la victoire, Aux pieds d'un prêtre il court décharger sa mémoire, BOILEAU Ép XII.• Les prêtres sont dans un état à peu près ce que sont les précepteurs dans les maisons des citoyens, faits pour enseigner, prier, donner l'exemple, VOLT. Dict. phil. Prêtres..• Votre Majesté croira-t-elle que l'archevêque de Paris (qui, par parenthèse, se meurt en ce moment d'hydropisie) a demandé et obtenu que, dans les pièces de théâtre nouvelles, le mot de prêtre ne fût pas prononcé ?, D'ALEMB. Lett. au roi de Pr. 14 déc. 1781.Prêtre habitué, prêtre non rétribué par l'État, attaché au service d'une paroisse. Prêtre habitué à Saint-Sulpice.Il s'est fait prêtre, il a reçu l'ordre du sacerdoce.Cardinal prêtre, cardinal qui a reçu l'ordre de la prêtrise.Le prêtre éternel, Jésus-Christ.• Prêtre éternel, prince des pasteurs, divin apôtre de notre foi et de notre confession, Jésus Christ, MASS. Villars..Populairement. Il va tomber des prêtres, se dit quand arrive un gros nuage très noir et qui menace d'une abondante averse.4° En parlant du culte réformé, on dit ordinairement ministre ou pasteur.5° Familièrement. Prêtre Martin, se dit d'un chantre qui dit le verset et le répons, et fig. de celui qui fait la demande et la réponse.6° Bonnet de prêtre, nom donné au fusain, à cause de la forme de son fruit.Bonnet de prêtre, pièce de fortification dont la tête est formée de trois angles saillants.7° Nom vulgaire des libellules ou demoiselles.PROVERBESIl faut que le prêtre vive de l'autel, il faut que chacun trouve, dans sa profession, des moyens de vivre.• Le prêtre, dit saint Paul, doit vivre de l'autel, LE P. SANLECQUE Épît. sur la fausse dévotion, dans ÉD. FOURNIER, L'esprit des autres, 2e éd. p. 159.C'est un pauvre prêtre, s'il n'a point d'argent caché, se dit d'un homme de peu d'industrie, de peu de capacité.XIe s.• Moines, canoines, proveires corunez, Ch. de Rol. CCIX.XIIe s.• Qui ki unkes volsissent estre [quels que soient ceux qui voudraient être] pruveires as ydles [idoles]...., Rois, p. 290.• E dist à Abiathar le pruveire : Faites venir avant la saintefiée vesture de pruveire, ib. p. 114.XIIIe s.• Fox [fou] est li prestres qui blasme ses reliques, LEROUX DE LINCY Prov. t. I, p. 41.• Por ce qu'il vestent chapes noires, Si les apele l'en provoires, Ren. 27952.XVe s.• Se n'avez medicin bon maistre, Si tost que vous serez navrez, à Dieu soyez recommandez ; Mort vous tiens, demandez le prestre, CH. D'ORL. Rond. 50.• Il fait defendre expressement sur peine de la hart, que nul ne soit si hardy de grever eglise, ne moustier, ne prebstre, ne religieux, Bouciq. IV, 3.• Se nulz m'en scet dire aucun bien, Je le tendray [tiendrai] secret com prestre, E. DESCH. Poésies mss. f° 247.XVIe s.• De vos grandeurs le prestre je seray, Et devant vous maint hymne chanteray, DU BELLAY III, 10, recto..• Il est enfant de prestre, il mange son pain blanc le premier, LEROUX DE LINCY Prov. II, p. 41.• Tel prestre, tel peuple, LEROUX DE LINCY ib..Bourg. préte ; wallon, pryess ; provenç. preire, preveire, prestre ; cat. preste, prebere ; espagn. preste ; ital. prete ; du lat. presbyter, prêtre, qui vient du grec, plus vieux. Selon Curtius, n° 645, le grec signifie, qui a pour forme dialectale, serait analogue au lat. priscus. Dans l'ancienne langue, prestre est le nominatif singulier, de presbyter, qui a l'accent sur pres ; provoire ou preveire le régime singulier, de presbyterum, avec l'accent sur by ; le nominatif pluriel est provoire, et le régime pluriel provoires.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIREPRÊTRE. Ajoutez : - REM. Au n° 3 la définition de cardinal-prêtre est inexacte ; voyez-la rectifiée à CARDINAL au Supplément.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.