- précipité
- précipité, ée(pré-si-pi-té, tée) part. passé de précipiter.1° Jeté de haut en bas. Manlius précipité du haut de la roche Tarpéienne.Fig.• Ah ! madame, faut-il me voir précipité De l'espoir glorieux dont je m'étais flatté, MOL. D. Garc. III, 2.• Je vous laisse à penser si une liberté précipitée jusqu'au voisinage du vice ne s'emportera bientôt jusqu'à la licence, BOSSUET Sermons, Impén. 1.2° Escarpé.• Il est impossible de concevoir comment ils [les Lapons] peuvent se soutenir en descendant les fonds les plus précipités, REGNARD Voyage de Laponie..• Ils [les lamas] descendent des ravines précipitées et surmontent des rochers escarpés où les hommes mêmes ne peuvent les accompagner, BUFF. Quadr. t. VI, p. 54.3° Qui est entraîné, poussé.• Ouvre tes yeux cillés, et vois de quelle sorte, D'ardeur précipité, la rage te transporte, RÉGNIER Ép. I.• Mon importun et lui courant à l'embrassade Ont surpris les passants de leur brusque incartade, Et, tandis que tous deux étaient précipités Dans les convulsions de leurs civilités...., MOL. Fâch. I, 1.4° Qui se fait précipitamment.• Les courtes et précipitées prospérités de Gaston de Foix, la mort du duc de Veimar au milieu de ses triomphes, VOIT. Lett. 173.• Le Cid et Pompée, où les actions sont un peu précipitées, CORN. 3e dis l..• Le roi a de la bonté, et il sait bien que la chose a été précipitée, MOL. Impromptu, 4.• Tou t ce qui est ici vous salue, et notre ami [Corbinelli] ne sait rien de cette lettre précipitée, SÉV. 29 avr. 1686.• Sa mort si précipitée et si effroyable pour nous, BOSSUET Mar.-Thér..• Ne suffit-il pas qu'il y ait eu quelquefois de l'abus par les enterrements précipités, pour nous engager à les différer et à suivre les avis des sages médecins ?, BUFF. Hist. nat. hom. Oeuvr. t. IV, p. 380.• La civilisation des Esclavons ayant été plus moderne et plus précipitée que celle des autres peuples...., STAËL Allem. Considér. génér..5° Qui a une grande vitesse.• Et déjà mon vers coule à flots précipités, BOILEAU Ép. VIII.• Ruisseau, nous paraissons avoir un même sort : D'un cours précipité nous allons l'un et l'autre, Vous à la mer, nous à la mort, DESHOUL. Poés. t. I, p. 130.• Tantôt, dans chaque strophe, à l'exemple d'Horace, J'aime un accord moins répété, Et qu'après un grand vers elle tombe avec grâce Par un vers plus précipité, LAMOTTE Odes, t. I, p. 339, dans POUGENS.• Leur marche fut tour à tour tardive et précipitée, RAYNAL Hist. phil. XVIII, 47.6° Qui a de la précipitation, qui agit à la légère.• Gens un peu entreprenants, légers et précipités, LA BRUY. VIII.Il se dit aussi des choses.• Cette humeur curieuse et précipitée fait que ce qu'on ne voit pas on le devine, BOSSUET Sermons, Jugements hum. 1.• Toutefois vos transports sont trop précipités, RAC. Iphig. II, 5.• Deux erreurs où les hommes ont coutume de tomber par des jugements précipités, CONDILL. Conn. hum. II, II, 2.7° Terme de chimie. Qui tombe au fond d'une dissolution.• Sa noirceur [de l'encre] ne venait que d'un fer précipité par une liqueur alcaline, J. J. ROUSS. Ém. III.S. m. Matière dissoute qui a abandonné son dissolvant et est tombée au fond du vase.• Les différentes couleurs des précipités de mercure, MAIRAN Éloges, Lémery..Précipité blanc, protochlorure de mercure, obtenu par précipitation.Précipité jaune, sulfate de mercure.Précipité per se, précipité rouge, bioxyde de mercure.À Genève on dit : à la précipitée, précipitamment, en toute hâte, HUMBERT, Gloss. génev.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.