- poutre
- (pou-tr') s. f.1° Grosse pièce de bois équarri qui sert à soutenir les solives d'un plancher, et qui entre dans toutes les grosses constructions.• Là sur une charrette une poutre branlante Vient menaçant de loin la foule qu'elle augmente, BOILEAU Sat. VI.• Comme un guerrier qui pend aux poutres des plafonds Ses retentissantes armures, V. HUGO F. d'aut. XXXV, 1.Fig.• Comment dites-vous à votre frère : Laissez-moi tirer une paille de votre oeil, vous qui avez une poutre dans le vôtre ?, SACI Bible, Évang. St Math. VII, 4.• Qui nous découvre la paille dans l'oeil de notre frère, et nous cache la poutre qui est dans le nôtre, MASS. Carême, Médis..2° Poutre d'or, lingot d'or qui était dans le temple de Jérusalem.• Crassus prit la poutre d'or, et n'en pilla pas moins les autres trésors, qui montaient à trente millions, ROLLIN Hist. anc. Oeuv. t. IX, p. 489, dans POUGENS.XVIe s.• Ses dardz ressembloyent aux grosses poultres sur lesquelles sont les pontz de Nantes soustenuz, RAB. Pant. IV, 34.• Les pou tres qui soustenoient le pont des Romains, AMYOT Marius, 40.Génev. un poutre. L'ancien français avait poultre, jument, du bas-lat. puletra, poledra. C'est de là d'après Diez que vient poutre, ainsi dite parce qu'elle soutient comme une cavale. De même un chevalet est dit de cheval. Diez ajoute qu'en allemand Folter, qui signifie un chevalet de torture, vient aussi de poledrus. Enfin on peut ajouter qu'Oudin, dans son Dictionnaire, rend en italien poutre par trave, polledra grande, et que les charpentiers se servent du mot chevalement pour désigner une poutre maîtresse à cheval sur deux autres.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIREPOUTRE. Ajoutez :3° Poutre armée, poutre composée de plusieurs pièces de bois disposées de manière à augmenter la résistance à la flexion sans augmenter l'équarrissage ; poutre en fer, poutre dont les extrémités sont reliées par des tirants à un poinçon placé perpendiculairement à la poutre, en son milieu.Ajoutez : Poutre au sens de pièce de bois est l'ancien franç. poltre, poultre, jeune cavale, du bas-lat. puletra, poledra, au masc. pulletrus, poledrus. Ascoli, Arch. I, 18, cite le sicilien pudditru, le ladin puliédr. Le latin pullus paraît être l'origine. Mais Diez objecte que les ressources du latin né du roman ne suffisent pas pour expliquer le suffixe edrus ou etrus, et propose un équivalent grec hypothétique. M. J. Storm, Romania, avril 1876, p. 181, est d'avis qu'il n'est pas besoin de recourir au grec, et que le latin offre un suffixe tel qu'il le faut pour le mot roman : Aulu-Gelle, XVIII, 6, a porcetra, jeune truie, de porcus, avec le suffixe etra ; ce suffixe explique pulletrus, pulletra ( le e est bref dans les deux cas).
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.