- phénomène
- (fé-no-mè-n') s. m.1° Terme de science et de philosophie. Tout ce qui tombe sous les sens, tout ce qui peut affecter notre sensibilité d'une manière quelconque, soit au physique, soit au moral.• M. le chevalier de Louville eut deux accès de fièvre léthargique qui ne l'étonnèrent point ; il avait coutume de regarder ses maux comme des phénomènes de physique auxquels il ne s'intéressait que pour en trouver l'explication, FONTEN. Louville..• Je regarde les grands événements de ce règne [de Louis XIV] comme de beaux phénomènes dont je rends compte, sans remonter au premier principe, VOLT. Lett. au pr. roy. de Prusse, 20 mai 1738.• Pour découvrir des phénomènes, il ne suffit pas toujours d'observer ; il faut encore employer des moyens propres à les rapprocher, à les dégager de tout ce qui les cache, à les mettre à portée de notre vue, CONDILLAC Art de rais. I, 8.• Expliquer un phénomène, c'est en trouver les rapports avec les êtres qui agissent sur lui ou sur lesquels il a quelque influence, Ess. sur l'art d'observ. t. II, p. 73, dans POUGENS.• Tout est lié dans la nature, et ses lois générales enchaînent les uns aux autres les phénomènes qui semblent les plus disparates, LAPLACE Expos. IV, 13.En médecine, tout changement, appréciable par nos sens, qui survient dans un organe ou une fonction. Les phénomènes de la circulation. Les phénomènes de la respiration.2° Tout ce qui paraît d'extraordinaire dans l'air, dans le ciel. Les comètes, les météores sont des phénomènes.3° Ce qui est rare et surprenant.• Le fond du système [de l'Église anglicane] effraye le théologien : un roi pape, une papesse Élisabeth, quel phénomène !, Mém. de Trévoux, 1725, t. I, p. 333.• L'établissement de l'Académie et le phénomène du Cid, VOLT. Lett. Mairan, 16 août 1761.Familièrement. C'est un phénomène que de vous voir ici.4° Il se dit des personnes qui surprennent par leurs talents, par leurs actions, etc.• Phocion était à la fois grand capitaine et grand homme d'État, phénomène auquel dans ce siècle on n'était plus accoutumé, CONDILLAC Hist. anc. II, 9.5° Chose ou personne extraordinaire qu'on montre à la foire. Phénomène vivant.• La foire au pain d'épice a conservé le privilége d'être le rendez-vous aimé de tout ce que Paris et la province comptent de saltimbanques, de physiciens, de montreurs de phénomènes et de curiosités de tous genres, Moniteur univ. 4 avril 1868, p. 479, 1re col..Du grec, ce qui apparaît, du grec, briller, apparaître.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.