- peupler
- (peu-plé) v. a.1° Emplir un lieu d'habitants, en les y menant.• Rebâtissez son temple, et peuplez vos cités, RAC. Esth. III, 7.• Peut-être un jour, s'il y a des millions d'habitants de trop en France, sera-t-il avantageux de peupler la Louisiane ; mais il est plus vraisemblable qu'il faudra l'abandonner, VOLT. Moeurs, 151.En parlant des animaux, peupler un pays de gibier.Se dit aussi de plantations. Peupler un bois, une vigne, y mettre du nouveau plant.• Les bois les plus épais, surtout ceux où il y a des fontaines, et qui sont peuplés d'arbres toujours verts, BUFF. Ois. t. VI, p. 10.2° Emplir un lieu d'habitants (hommes, animaux ou végétaux), par voie de génération. Le gibier eut bientôt peuplé ce parc.• Certains arbres renferment leurs semences dans des matières légères que le vent emporte ; la race s'étend bien loin par ce moyen et peuple les montagnes voisines, BOSSUET Connaiss. V, 2.• Et les aînés tout seuls peupleront-ils le monde ?, DESTOUCH. Irrésolu, II, 10.3° Attribuer une certaine population.• Il faut avouer que d'ordinaire nous peuplons et dépeuplons la terre un peu au hasard, VOLT. Dict. phil. Population, 3.• Ceux qui la peuplent avec des calculs n'ont pas songé qu'il fallait pourvoir à la nourriture des habitants, CONDIL. Hist. anc. I, 1.4° Emplir d'un certain nombre de personnes.• Les marâtres font déserter les villes et les bourgades, et ne peuplent pas moins la terre de mendiants, de vagabonds, de domestiques et d'esclaves, que la pauvreté, LA BRUY. V.Il se dit aussi des personnes qui remplissent.• Pour échapper à tant d'essaims divers D'âpres censeurs qui peuplent l'univers, J. B. ROUSS. Ép. II, 4.Terme de peinture. Peupler un tableau, y faire entrer beaucoup de figures.5° Fig. Emplir de choses qui n'ont point de corps.• Pauvres enfants ! de fantômes funèbres Quelque nourrice a peuplé vos esprits, BÉRANG. Suicide..6° Terme de construction. Garnir un vide de pièces de bois espacées à égale distance. Peupler de poteaux une cloison. Peupler de solives un plancher.7° V. n. Se multiplier par la génération, en parlant des hommes et des animaux.• Le rustique [paysan], une fois marié, peuplera indifféremment, soit qu'il soit riche ou qu'il soit pauvre, MONTESQ. Lett. pers. 122.• Ces lapins commençaient à peupler avant mon départ, J. J. ROUSS. Prom. 5.• Ces petites gens peuplent prodigieusement, D'ALLAINVAL Éc. des bourg. III, 12.8° Se peupler, v. réfl. Devenir rempli d'habitants.• Malgré la tyrannie, la Chine, par la force du climat, se peuplera toujours, et triomphera de la tyrannie, MONTESQ. Esp. VIII, 21.XIIe s.XIIIe s.• Et vinrent à l'Espigat, une cité qui sour mer seoit et estoit pueplée de Latins, VILLEH. CXXVI.• De haus loriers et de haus pins Refu tout pueplés li jardins, la Rose, 1362.• Et le tertre qui monte ou chastel est peuplé de grosses roches, JOINV. 271.XIVe s.• Berton [Breton] en ville nul lerron [nous ne laisserons] ; Ains pupliron tout leur païs Des subgiz à la flour de lis, Le liv. du bon Jehan, 3209.XVe s.• De gens la peuploye [la France], La foy augmentoye, Justice gardoye, Science y mettoye, A. CHART. Vers à la noblesse de France..XVIe s.• Dionysius, estant capitaine d'une trouppe de gens que l'on envoyoit pour peupler en Italie, y fonda la ville de Thuries, AMYOT Nicias, 8.• Naturellement se peuplent les cygnes dans la Charente, O. DE SERRES 380.• Quoy que l'empereur Tacitus son parent en eust peuplé [d'exemplaires des ouvrages de Tacite] toutes les librairies du monde, MONT. III, 80.• Les bestes y peuplerent incontinent, MONT. IV, 209.Peuple 1 ; provenç et espagn. poblar ; portug. povoar ; ital. popolare. Peupler avait aussi, dans l'ancienne langue, le sens de publier.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.