- avertir
- (a-vèr-tir) v. a.1° Faire savoir en appelant l'attention. Avertir quelqu'un de quelque chose. Nous avons été bien avertis de nous tenir sur nos gardes. Avertis-moi de ce qui t'arrivera. Les chiens avertissent de l'approche des voleurs.• Qu'est-ce qu'on vous écrit ? Daignez m'en avertir, RAC. Iphig I, 1.• Souffrez quelques froideurs sans les faire éclater, Et n'avertissez point la cour de vous quitter, RAC. Brit. I, 2.• C'est pour vous avertir de ce qu'il vous faut craindre Qu'à ce triste entretien j'ai voulu me contraindre, TH. CORN. Essex, I, 2.• On m'avertit qu'il fait tous ses efforts pour lui parler, MOL. le Méd. m. lui, III, 7.• Le moyen de connaître où est le plus beau vers, si le comédien ne s'y arrête, et ne nous avertit par là qu'il faut faire le brouhaha, MOL. Préc. rid. sc. 10.Absolument.• Quoique, sans menacer et sans avertir, la mort se fasse sentir tout entière dès le premier coup, BOSSUET Duch. d'Orl..2° Terme de manége. Avertir un cheval, l'exciter au moyen de quelques aides lorsqu'il se néglige.1. Avertir régit la préposition de devant un infinitif : avertissez-le de venir. Avec que il veut l'indicatif si la chose dont il s'agit est donnée comme certaine ou positive : avertissez-le qu'il sera mal reçu. Si au contraire avertir emporte avec lui le sens d'un désir, d'un ordre, etc. on met le subjonctif : je l'avertis que son travail soit prêt demain.2. Racine, Baj. II, 3, a supprimé l's à la première personne du présent : Vizir, songez à vous, je vous en averti ; Et sans compter sur moi prenez votre parti. C'est non une licence, mais un archaïsme que l'usage poétique autorise d'ailleurs à la première personne.AVERTIR, DONNER AVIS, INFORMER. On peut manifester la nuance par les substantifs. L'avertissement est un appel à l'attention sur quelque chose ; l'avis et l'information n'impliquent rien de pareil, et expriment seulement qu'on a fait savoir une chose à quelqu'un. L'avertissement peut être donné par des choses ; l'avis et l'information n'émanent que des personnes. Je vous informe de cela, c'est simplement faire savoir ; je vous donne avis de cela, c'est faire savoir avec la croyance que la personne prendra intérêt à ce qu'on lui dit ; je vous avertis, c'est faire savoir en donnant à la personne un avertissement.XIIe s.• E quant il se fu averti, E la dolor li fu passée Qu'il out sofferte e endurée, Sout [il sut] que ce li fu avenu Pur ceo qu'il aveit contendu La charité as dous ermites, BENOÎT II, 10960.XIIIe s.• Son songe [elle] dist au roi, a bien lui averti, Berte, LXXI.XVe s.• Et adverti qu'il fut par ceux qui faisoient le logis du roy, que ledit seigneur ne vouloit que passer, COMM. VIII, 7.XVIe s.• Amy lecteur, sois adverty Qu'au latin n'a rien davantage Que ce qui est icy verty Par Marot en nostre langage, MAROT IV, 171.• Cineas, estant adverty de sa venue, luy alla au devant avec ses gens, AMYOT Pyrrh. 32.• Estant adverty que le consul de Rome, Levinus, s'en venoit contre luy, avec une grosse et puissante armée, AMYOT ib. 34.• Cest inconvenient advertit Pyrrhus de se garder mieulx à l'advenir, AMYOT ib. 36.• Plusieurs avoient secrette intelligence avec Nicias, et l'advertissoient qu'il devoit demourer, AMYOT Nicias, 38.Provenç. avertir ; espagn. et portug. advertir ; ital. avvertire ; de advertere, mot à mot, tourner vers, et par suite avertir, de ad, à, et de vertere, tourner (voy. version). Avertir suppose un changement de conjugaison, advertire pour advertere, changement qui du reste s'est opéré dans les autres composés : convertir, divertir, etc.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIREAVERTIR. Ajoutez :3° v. réfl. S'avertir, se donner à soi-même un avertissement, un conseil.• N'ayez pas peur que je m'émancipe davantage ; il ne me faut qu'un demi-mot d'avertissement ; et je ne sais pourquoi je ne me suis averti moi-même, BALZAC Lett. inédites. CI. (éd. Tamizey Larroque).• Je m'avertissais de me tenir en garde contre une première impression, si puissante toujours sur moi, J. J. ROUSS. 2e dial..
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.