- avenir
- avenir 1.(a-ve-nir), j'aviens, j'avins, j'aviendrai, avenant, avenu, v. n.Échoir, se faire.• S'il m'avient quelquefois de clore la paupière, MALH. V, 21.• Ce que les prophètes ont dit devoir avenir dans la suite des temps, PASC. J. C. 4.• Présupposant pour certains tous les accidents qui sont douteux, ils règlent leurs délibérations comme s'ils devaient avenir, BALZ. 5e Disc. s. la cour..• Vous bénirez le mal qui vous est avenu, MAIRET Sophon. V, 6.• Même dispute avint entre deux voyageurs, LA FONT. Fables, IX, I.• Afin qu'il ne m'avienne De mal gîter, LA FONT. Orais..• Dont il avint que...., LA FONT. Berc..• Quelque malheur qu'il en puisse avenir, Ce n'est que par ma mort qu'on la peut obtenir, RAC. Mithr. I, 1.• Quoi qu'il en avienne, Si ce peuple une fois enfonce le palais, C'est fait de votre vie, CORN. Nicom. V, 7.• Qui souhaite la mort, craint peu, quoi qu'il avienne, ROTR. Vencesl. IV, 3.• Et s'il s'en rencontre une à qui cela n'avienne, MALH. VI, 24.Avenant, part. prés. pris adverbialement, dans le cas où aviendrait.• Si, puis après, avenant confrontation...., BOSSUET Var. 10.• Quelque bien de mon père et le fruit de mes peines, Dont, avenant que Dieu de ce monde m'ôtât, J'entendais tout de bon que lui seul héritât, MOL. l'Étour. IV, 2.On dit plus ordinairement advenir.Il se conjugue avec l'auxiliaire être, comme tous les composés de venir.Xe s.• Et poro [pour cela] si vos avient, Fragm. de Valenc. p. 469.XIe s.• Si ço avent que alquen colpe le poin à altre, L. de Guill. 13.• De cest message nous avendra grant perte, Ch. de Rol. XXV.• À deus franceis belement en avint, ib. CCLV.XIIe s.• Tex honte lor avint devant le roi de France, Ronc. p. 197.• Car joie a courte durée, Qui avient par tel folor, Couci, I.• Mais, se Dieu plaist, ce ne m'avendra mie, ib. II.• Et bien [je] connoi que [je] n'i puis avenir [arriver, réussir], ib. VIII.• Mais fol desir fait souvent cuer penser En si haut lieu qu'il n'i peut avenir, ib. X.• Et qu'il m'avient souvent Que je m'oublie, pensant [pensif] entre la gent, ib. XVI.• Onques vers lui [elle] [je] n'oi faus cuer ne volage ; Si m'en devroit pour tant mieuz avenir, ib. XIX.• Donez moi, sires, que [je] ne soie oubliée Et [que] mes amis aviegne [vienne] à la vesprée, Romancero, p. 38.• Jà nous ferons tous nos plaisirs ; Ainsi avegne à tous amis !, ib. p. 45.• Enuit [ce soir] l'en avanra [ce] dont encor [il] ne sait mot, Sax. XVII.• Onc mais n'avint en France nule si granz dolors, ib. 27.XIIIe s.• Ensi com Diex veult, les aventures avienent, VILLEH. CXXXIV.• J'en voel faire quanke li autre en vorront faire ; et aviegne que que avenir en porra, Chr. de Rains, 93.• Comment, en quel maniere [ils] i pourront avenir [réussir], Berte, XIII.• Que m'est il avenu ? qu'ont ces gens empensé ?, ib. XV.• Et pour rien qui aviegne, ne soit ses liz guerpis, ib. LXXV.• Et i ot si grant presse qu'il ne purent tout avenir au hanap [à la coupe], Chr. de Rains, 143.• Mès fort chose est à avenir ; Ge me puis bien pour fol tenir, Quant j'ai mon cuer mis en tel leu Dont ge n'aten avoir nul preu, la Rose, 2493.• Chascun doit faire en toutes places Ce qu'il set qui miex li avient ; Car los et pris et grace en vient, ib. 2203.• Fai que dois, aviegne que puet, BARB. Fabli. I, 77.XIVe s.• Et aussi au devant ilz ne consideroient pas ne ne voioient les perilz à avenir, ORESME Eth. 86.• Li homs qui longes vit, souffians à tous costez, Voit en fin avenir partie de ses grés, Baud. de Seb. IX, 236.XVe s.• Afin que honorables emprises et nobles aventures et faits d'armes lesquelles sont avenues par les guerres de France et d'Angleterre, soient notablement registrées, FROISS. Prol..• Et bien pensoient qu'ils ne pourroient avenir à leur entente sans grand contraire, FROISS. I, I, 154.• Et parquoi ils pussent mieux avenir l'un à l'autre [les vaisseaux], ils avoient grands crocs et havets de fer tenans à chaines, FROISS. I, I, 121.• Il estoit si frique et si joli chevalier, et si bien lui avenoit quant qu'il faisoit, qu'il estoit partout le bien venu d'Angleterre, FROISS. I, I, 323.• Et estoit advenu que messir Falleton avoit prié le seigneur de l'Esparre d'aller en Angleterre, FROISS. II, II, 4.• Le bien qui luy advint, COMM. II, 3.• Ils cuydoient avoir.... mais le contraire leur advint, COMM. II, 13.XVIe s.• Aux femmes aussi mal advient Science, qu'un bast à un boeuf, MAROT IV, 167.• Que si on a quelque regard en la doctrine, c'est pour eslire quelque legiste auquel il adviendroit mieux de plaider en justice, que de prescher en un temple, CALV. Instit. 869.• Quant est des choses à advenir, CALV. ib. 147.• Il advient le plus souvent que chascun choisit...., MONT. I, 57.• On luy reprocha que c'estoit à la mode du regnard, pour n'y pouvoir advenir, MONT. I, 142.• Quand j'entreprendrois de suyvre cet aultre style, je n'y sçaurois advenir, MONT. III, 38.• Le malheur qui advint aux Romains, advint pour avoir transgressé cette saincte coustume, AMYOT Numa, 22.• Personne n'approuve le moyen qu'il teint pour advenir à ces fins, AMYOT Alc. 24.Bourguig. éveni ; provenç. et espagn. avenir ; ital. avvenire ; du latin advenire, de ad, à, et venire, venir.————————avenir 2.(a-ve-nir) s. m.1° Le temps futur, ce qui doit arriver. Embrasser l'avenir dans sa pensée. L'humanité qui ignore l'avenir. Chercher à lire l'avenir. Il s'était promis un long avenir. Dans un avenir prochain.• Sur l'avenir insensé qui se fie, RAC. Athal. II, 9.• Ma foi ! sur l'avenir bien fou qui se fiera, RAC. Plaid. I, 1.• L'avenir l'inquiète et le présent le frappe, RAC. Esth. II, 3.• Mon coeur se gardait bien d'aller dans l'avenir Chercher ce qui pouvait un jour nous désunir, RAC. Bérén. IV, 6.• On peut voir l'avenir dans les choses passées, ROTR. Vencesl. II, 6.• Ils se vantent de prédire l'avenir, BOSSUET Hist. II, 9.• Quant à l'avenir, Suivant l'occasion nous saurons y fournir, CORN. Sertor. II, 4.2° Situation dans le temps futur, destinée. Quel que soit l'avenir que le ciel nous réserve. Nul espoir d'un meilleur avenir. Aujourd'hui la misère, et un avenir encore plus affreux. Se ménager un avenir tranquille.• Je me flatte en mourant qu'un Dieu plus équitable Réserve un avenir pour les coeurs innocents, VOLT. Fanat. V, 4.3° La postérité.• Qu'à tout l'avenir Un silence éternel cache ce souvenir, RAC. Phèd. I, 3.• Et que sur mon tombeau ce grand titre gravé Montre à tout l'avenir que je l'ai conservé, CORN. Sert. III, 4.4° Prospérité, succès dans le temps futur. Jeune homme qui a beaucoup d'avenir. Cet homme est sans avenir. C'est un établissement qui a beaucoup d'avenir.5° À l'avenir, loc. adv. Désormais.• De sorte qu'on est toujours en état de vivre à l'avenir, et jamais de vivre maintenant, PASC. Pensées, part. II, art. 17.Dans l'historique on verra avenir employé comme une sorte d'adjectif : le temps advenir.• Cette manière de parler a été usitée aussi dans le XVIIe siècle : Que tous les siècles avenir N'auront pas de nuit assez noire Pour en cacher le souvenir [de nos malheurs], MALH. IV, 5.Aujourd'hui on écrit en deux mots et avec raison : à venir.XVe s.• Disant que, le temps advenir, [ces maux] ne seroient si legiers, COMM. II, 3.XVIe s.• Il sera appelé le Dieu fort, et Pere du siecle advenir, CALVIN Institut. 77.• Osée parlant de la redemption advenir de l'Eglise...., CALVIN ib. 706.• Se representer tout le mal advenir, MONT. I, 281.• À l'advenir, AMYOT Solon, 24.Ce mot n'est pas autre que l'infinitif du verbe avenir pris substantivement.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE2. AVENIR. Ajoutez :6° Avenir a été employé au plur.• Ma mémoire, qui me retrace uniquement les objets agréables, est l'heureux contre-poids de mon imagination effarouchée, qui ne me fait prévoir que de cruels avenirs, J. J. ROUSS. Confess. VII.————————avenir 3.(a-ve-nir) s. m.Terme de pratique. Acte par lequel un procureur ou avoué somme la partie adverse de se trouver à l'audience, pour plaider contradictoirement.Ce mot serait mieux écrit : à-venir.À et venir.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.