- parangon
- (pa-ran-gon) s. m.1° Comparaison. Mettre en parangon.• Près d'un feu qui sera bon, Quoique le feu d'un pauvre homme, Nous ferons le parangon De Paris et de ta Rome, SCARR. Poés. div. Oeuv. t. VII, p. 266, dans POUGENS.• S'il avait mis son esprit à la bonne voie, il pouvait être mis au parangon des plus signalés docteurs de l'Église, CH. ANCILLON Mél. de litt. t. II, p. 42, dans POUGENS.2° Patron, modèle.• Vrai parangon de vaillants et courtois, Qui m'envoyez délectable écriture, VOIT. Oeuv. t. II, p. 217.• Bayard, véridique auprès des princes, hasardeux dans les combats, galant auprès des dames, protecteur de leur honneur, vrai parangon de bonne foi et de vaillance, ANQUETIL Inst. Mém. scienc. mor. et polit. t. I, p. 27.• Que dirait ce parangon de l'orgueil monarchique [Louis XIV], s'il voyait aux écoles, avec tous les enfants de la race sujette, un de ses arrière neveux [un des fils du duc d'Orléans] sans pages ni jésuites ?, P. L. COUR. Simple discours..Ce qu'il y a de plus excellent, en parlant des personnes ou des choses.• Anne, puisqu'ainsi va, passait dans son village Pour la perle et le parangon, LA FONT. Cas..• Par ce parangon des présents Il croyait sa fortune faite, LA FONT. Fabl. XII, 12.3° Terme de joaillier. Perles parangons, diamants parangons, perles, diamants qui se distinguent par leur grosseur et leur beauté.L'Académie dit qu'en cet emploi parangon est adjectif ; mais Legoarant observe que parangon est substantif ici comme ailleurs : un diamant parangon s'entend d'un diamant dont la beauté peut servir de modèle, et c'est comme si l'on disait un diamant modèle.On dit aussi : ce diamant est un parangon.4° Parangon de Venise, dans le commerce de Smyrne, les plus belles étoffes de soie qui y sont apportées de Venise.5° Se dit de quelques fleurs qui reviennent chaque année avec la même beauté, sans dégénérer.6° Terme d'imprimerie. Gros parangon, caractère entre la palestine et le gros romain ; le corps en est de vingt et un points.Petit parangon, caractère dont le corps porte dix-huit points, et dont on fait usage pour les affiches.On ne dit pas parangon tout seul.7° Sorte de marbre noir d'Égypte et de Grèce, dont les anciens faisaient des sphinx et d'autres statues d'animaux.8° Pierre de touche.Parangon vieillit.XVIe s.• Ne pourroit-on pas à bon droit nommer nostre siecle le parangon de mechanceté ?, H. EST. Apol. d'Hérod. p. 107, dans LACURNE.• Quiconque a voulu parachever le Pseautier [de Marot], n'a pu atteindre à son parangon, PASQUIER Rech. VII, p. 609, dans LACURNE.• Aristoteles prime homme et paragon de toute philosophie, RAB. p. 90, dans LACURNE.• En cettuy-ci [Épaminondas] l'innocence est une qualité propre, maistresse, constante.... au parangon de laquelle elle paroist en Alexandre...., MONT. III, 194.Esp. paragon ; ital. paragone. Diez le tire de l'espagnol para con, double préposition qui signifie en comparaison de : la criatura para con el criador, la créature en comparaison du créateur. On a dit el para con, comme nous disons le pourquoi ; puis para con s'est altéré en paragon. On ne peut songer au grec signifiant lutte, rivalité, puisque la traduction n'existe pas en grec et que les langues romanes n'avaient aucun moyen (le mot est ancien dans l'espagnol et l'italien) de combiner deux éléments grecs.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.