- pape
- (pa-p') s. m.1° Le chef de l'Église catholique, évêque de Rome, et qui, dans le cours du temps, est devenu souverain temporel de cette ville et d'un territoire adjacent.• On aime la sûreté ; on aime que le pape soit infaillible dans la foi, et que les docteurs graves le soient dans les moeurs, PASC. Pens. XXIV, 75, édit. HAVET..• Le pape est premier : quel autre est connu de tous ? quel autre est reconnu de tous ?, PASC. ib. 77.• Il n'y a presque plus que la France où il soit permis de dire que le concile est au-dessus du pape, PASC. ib. XXIV, 84.• Je loue de tout mon coeur le petit zèle que j'ai reconnu dans votre lettre pour l'union avec le pape : le corps n'est non plus vivant sans le chef, que le chef sans le corps ; quiconque se sépare de l'un ou de l'autre n'est plus du corps, et n'appartient plus à Jésus-Christ, PASC. Lett. à Mlle de Roannez, 1.• M. de Chaulnes mande à ma fille que la chose du monde à quoi l'on songe le moins dans le conclave, c'est à faire un pape, et qu'il lui en mande par là tout le secret, SÉV. 23 juin 1691.• M. de Chaulnes est trop heureux, on ne peut plus lui disputer d'être l'homme du monde qui fait le mieux un pape, SÉV. 592.• Ne jugez point si frivolement ; croyez que, quelque manége qu'il y ait dans le conclave, c'est toujours le Saint-Esprit qui fait le pape ; Dieu fait tout, il est le maître de tout, SÉV. 26 juill. 1691.• Que peuvent des évêques [les anglicans] qui ont anéanti eux-mêmes l'autorité de leur chaire et la révérence qu'on doit à la succession, en condamnant ouvertement leurs prédécesseurs jusqu'à la source même de leur sacre, c'est-à-dire jusqu'au pape saint Grégoire et au saint moine Augustin son disciple et le premier apôtre de la nation anglaise ?, BOSSUET Reine d'Anglet..• Il [saint Bernard] regardait dans le pape seul ce qu'il y avait de plus grand dans l'un et l'autre Testament : un Abraham, un Melchisedech, un Moïse, un Aaron, un saint Pierre, en un mot Jésus-Christ même, BOSSUET Sermons, Unité de l'Église, 2.• Dans le grand schisme d'Occident, les papes qui se disputèrent l'empire du monde vécurent souvent d'aumônes, VOLT. Diction. philos. Cour de Rome..• Un philosophe qui écrirait l'histoire des papes, les présenterait sous un jour, sinon plus favorable, au moins plus intéressant et plus vrai : il les peindrait luttant contre la force et la puissance, avec les seules armes que la religion leur fournissait, D'ALEMB. Éloges, Fléchier..Familièrement et fig. Nous aurions fait un pape, locution qui s'est dite à celui qui a eu en même temps la même pensée que nous.Soldats du pape, nom qu'on a donné quelquefois aux mauvaises troupes, parce que l'armée du pape ne faisant pas la guerre était peu aguerrie.2° Nom d'un bel oiseau de trois couleurs, gros comme un serin, qu'on trouve à la Caroline et au Canada.• Les Hollandais, à force de soins et de patience, sont venus à bout de faire nicher les papes dans leur pays, comme ils y ont fait nicher les bengalis, BUFF. Ois. t. VII, p. 249.XIIIe s.• Cil apostoles Leons, par la malisce des Romains, establi que jamais papes ne peust estre fais ne esleus sans l'assentement des empereours, BRUN. LATINI Trés. p. 89.• La renommée de s'estoire Ala à la pape Gregoire, RUTEB. II, 153.XVe s.• Pape Clement et les cardinaux qui de son accord estoient, FROISS. liv. Il, p. 52, dans LACURNE.XVIe s.• Au lieu de dire le pape, je luy ay appris à dire Sa Sainteté ; au lieu de roy, Sa Majesté, D'AUB. Conf. II, 1.Lat. papa, père. L'ancienne langue, trompée par la finale de ce mot et par sa déclinaison, a fait souvent pape du féminin : la pape.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.