- orient
- (o-ri-an ; le t se lie dans le parler soutenu) s. m.1° Le point du ciel où le soleil se lève sur l'horizon.• Qu'Ismaël en sa garde Prenne tout le côté que l'orient regarde, RAC. Athal. IV, 5.• Que le poëte.... prenne pied dans tel siècle ou dans tel climat, qu'il soit du midi, du nord, de l'occident, de l'orient, qu'il soit antique ou moderne...., V. HUGO Orientales, préface..Orient d'été, orient d'hiver, points où le soleil se lève en été, en hiver.Ce pays est à l'orient de tel autre, il est situé, à son égard, du côté de l'orient.2° Précisément. Celui des quatre points cardinaux où le soleil se lève à l'équinoxe. Entre l'orient et le midi.3° L'orient d'une carte de géographie, le côté qui est à notre droite.4° Fig. Ce qui est comparé à un lever de soleil.• Les six âges, les six pères des six âges, les six merveilles de l'entrée des six âges, les six orients à l'entrée des six âges, PASC. Pens. XXV, 99 bis, éd. HAVET..• Cette inspiration [de vous faire religieuse], c'est votre étoile ; elle s'est levée sur votre orient, c'est-à-dire dès vos premières années, BOSSUET Sermon pour une profess. jour de l'Épiphanie, 2.• Il n'y a rien de si aimable que l'enfance des princes destinés à l'empire.... ce sont des soleils dans leur orient qui réjouissent les yeux et qui ne les éblouissent pas encore, FLÉCH. Mme de Mont..• Tant de choses éclatantes ont eu leur orient et leur couchant, VOLT. Louis XIV, 19.5° L'ensemble des grands États, des provinces de l'Asie (on met une majuscule).• Va jusqu'en Orient pousser tes bataillons, CORN. Hor. I, 1.• Personne n'en a jamais tant fait [de bruit] dans l'Egypte, dans la Perse, dans les Indes, dans toute la terre, en Orient et en Occident ; depuis plus de deux mille ans, on ne parle que d'Alexandre, BOSSUET la Vallière..• Dans l'Orient désert quel devint mon ennui !, RAC. Bérén. I, 4.• .... L'Orient accablé Ne peut plus soutenir leur effort redoublé [des Romains], RAC. Mithr. III, 1.• Les lois, les moeurs et les manières, même celles qui paraissent indifférentes, comme la façon de se vêtir, sont aujourd'hui en Orient comme elles étaient il y a mille ans, MONTESQ. Esp. XIV, 4.• La coutume était ancienne en Orient d'envoyer étrangler un gouverneur qui déplaisait : elle était du temps des Mèdes, MONTESQ. ib..• Sire, répondit le phénix, je suis encore trop jeune pour être instruit de l'antiquité ; je n'ai vécu environ que vingt-sept mille ans ; mais mon père, qui avait vécu cinq fois cet âge, me disait qu'il avait appris de son père que les contrées de l'Orient avaient toujours été plus peuplées et plus riches que les autres, VOLT. Princ. de Babyl. XI.• Tout vient d'Orient, le bien et le mal, VOLT. Polit. et lég. Fragm. hist. sur l'Inde, XXX.• Il résulte de tout cela [l'ardeur des études orientales] que l'Orient, soit comme image, soit comme pensée, est devenu pour les intelligences autant que pour les imaginations une sorte de préoccupation générale à laquelle l'auteur de ce livre a obéi, peut-être à son insu, V. HUGO Orientales, préface.L'extrême Orient, les parties de l'Asie qui sont le plus à l'orient, telles que la Chine et le Japon.6° Commerce d'Orient, le commerce qui se fait dans l'Asie orientale par l'Océan, à la différence du commerce du Levant, qui se fait dans l'Asie occidentale par la Méditerranée.7° Empire d'Orient, moitié orientale de l'empire romain dont Constantinople était la capitale.Schisme d'Orient, la séparation qui eut lieu en 862 entre l'Église grecque et l'Église latine.8° Grand Orient, espèce de diète formée, dans une capitale, des représentants de toutes les loges maçonniques des provinces.Grand Orient désigne aussi le lieu où se tient la réunion.9° L'orient des perles, le brillant produit par leurs reflets.• Les perles, comme les coquilles, se dissolvent dans les acides, elles peuvent également se réduire en chaux, qui bouillonne avec l'eau, elles ont à très peu près la même densité, la même dureté, le même orient que la nacre intérieure et polie des coquilles à laquelle elles adhèrent souvent, BUFF. Min. t. VII, p. 168.Orient et oriental s'étendent souvent, par abus, fort au delà de leurs limites ; on entend plus d'une fois appeler de ce nom les pays d'Afrique, leurs habitants et les choses qui s'y rapportent. Il est bon de prévenir contre cette faute.XIe s.• [Il] Conquerrat [à] lui d'ici qu'en orient, Ch. de Rol. XXIX.XIIe s.• C'est orient, meridiès, E occident, qui vient emprès Septemtrion...., BENOÎT I, V. 51.• Li parreins fu ocis e gist en orient ; Car saint iglise esteit idunc en creissement, Th. le mart. 157.XIIIe s.• L'endemain au chemin se met, Et du cheminer s'entremet Vers oriant la droite voie, RUTEB. II, 121.XVIe s.• Que celui renonce la vie, qui ne se sçait pas tenir joyeux pour elles [les dames], lesquelles sont orient de plaisir et midy de joye, bien unique au monde, Nature d'amour, f° 20, dans LACURNE.• Ces deux beaux yeux, ma gloire et mon pouvoir, Dont l'orient mes tenebres eclaire, DESPORTES Diane, I, 21.Provenç. orient, orien ; esp. et ital. oriente ; du lat. orientem, de oriri, surgir, se lever ; de même radical que le grec.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.