ombrager

ombrager
(on-bra-jé. Le g prend un e devant a et o : ombrageant, ombrageons) v. a.
   Faire de l'ombre, donner de l'ombre. Un grand arbre ombrageait sa chaumière.
   Fig.
   Il tombe pour jamais ce cèdre [l'empereur Charles VI] dont la tête Défia si longtemps les vents et la tempête, Et dont les grands rameaux ombrageaient tant d'États, VOLT. Odes, VII.
   Jeter une ombre, une obscurité.
   À la vérité, puisque l'apparence des taches de la lune ne change point, on ne peut pas croire qu'elle ait des nuages autour d'elle, qui ombragent tantôt une partie, tantôt une autre, FONTEN. Mondes, 3e soir..
   Obscurcir.
   Or afin que la laide, autrement inutile, Dessous le joug d'amour rendît l'homme servile, Elle ombragea l'esprit d'un morne aveuglement, Avecque le désir troublant le jugement, RÉGNIER Sat. VII.
   Couvrir, cacher comme fait un ombrage. De grands cheveux ombrageaient sa tête.
   Ce pupitre fatal qui me doit ombrager, BOILEAU Lutr. IV.
   Accourez tous, venez m'ombrager de vos ailes ; Balancez sur mon front vos palmes immortelles, MILLEV. la Religieuse..
   Fig.
   Ombrageant sa chanson du voile d'une fable, RÉGNIER Sat. IV.
   Fig. et poétiquement. Les lauriers ombragent sa tête, son front, se dit d'un capitaine qui a remporté de grandes victoires, d'un poëte qui a obtenu de grands succès.
   Terme de peinture. Se dit quelquefois dans le sens de mettre plus d'ombre. Il faut ombrager ce tableau, il est trop éclairé.
   Tout de même que les peintres, ne pouvant également bien représenter dans un tableau plat toutes les diverses faces d'un corps solide, en choisissent une des principales, qu'ils mettent seule vers le jour, et, ombrageant les autres, ne les font paraître qu'autant qu'on les peut voir en la regardant...., DESC. Méth. V, 2.
   Esquisser (sens vieilli).
   Pour ombrager un peu toutes ces choses et pouvoir dire ce que j'en pense, DESC. Méth. V, 2.
   Ombrager l'or et l'argent, entourer une broderie métallique d'une broderie de soie.
   S'ombrager, v. réfl. Être couvert comme d'un ombrage.
   Viens, de mes propres fleurs mon front va s'ombrager, DELILLE Jard. I.
   Quand aux champs de Naeffels quelques cents de ces braves [Suisses] Enfoncèrent les rangs de quinze mille esclaves [Autrichiens], La liberté sourit à ce sublime effort ; Et, la gloire accourant du haut des Thermopyles, Le Klonthal ignoré vit ses rives tranquilles S'ombrager des lauriers cueillis à Marathon, MASSON Helvét. III.
   L'abbé Aubert, Fables, I, 6, a dit : Et ceux qu'ombrageaient ses talents, pour : à qui ses talents portaient ombrage. C'est une faute ; cependant la locution est ancienne ; car on trouve dans le Dictionnaire d'Oudin : s'ombrager, prendre de l'ombrage.
   XVIe s.
   Ils ouvrageoient bouquets, guirlandes et chapelets de toutes façons, dont ils s'ombrageoient la teste, le col et les bras, YVER p. 524.
   Incontinent que la lune eut passé l'espace de l'air umbragé et obscurcy par l'umbre de la terre, AMYOT Nicias, 43.
   Lieux couverts et umbragez d'arbres et de verdure, AMYOT Pomp. 47.
   Ombrage. L'ancienne langue, en place d'ombrager, avait ombroier.
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
OMBRAGER. Ajoutez :
   S'ombrager, prendre de l'ombrage, du soupçon (locution vieillie).
   La personne qui en est prévenue [de la jalousie], s'ombrage de l'air qui touche la personne qu'elle aime..., LA MOTHE LE VAYER Dial. d'Orat. Tubero, t. II, p. 388.

Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. . 1872-1877.

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