- manoir
- (ma-noir) s. m.1° Nom, au moyen âge, de toute habitation à laquelle était jointe une certaine étendue de territoire.• Celui qui avait quatre manoirs était toujours obligé de marcher à la guerre, MONTESQ. Esp. XXX, 13.• Les hiboux s'effrayaient au fond des vieux manoirs, V. HUGO Ball. Les deux archers.Manoir seigneurial ou principal manoir, la partie d'un héritage que l'aîné devait avoir par préciput.2° Le lieu où l'on demeure.• Le choix du lieu, l'art de faire son manoir sont autant d'indices d'un sentiment supérieur, BUFF. Renard.• Pour m'ôter le droit de voter dans ce département où est mon manoir paternel, il faudrait prouver que j'ai fait élection de domicile ailleurs, P. L. COUR. à MM. du conseil de préfecture.3° Fig. et poétiquement. Le manoir liquide la mer.• Peu s'en fallut que le soleil Ne rebroussât d'horreur vers le manoir liquide, LA FONT. Fabl. XI, 3.Le sombre manoir, la demeure de Pluton, le séjour des morts.• [Pluton] Ouvre encore à mes cris ton horrible manoir, ROTR. Herc. mour. IV, 2.XIIe s.• Villes [ils] essillent [saccagent] et maners, Mesons ardent, prennent avers [avoirs, biens], WACE dans DU CANGE, manerium..• Se nuls fust de chastel, de burc ne de cité Ou de maneir le rei de sa demaineté, Th. le mart. 60.XIIIe s.• Un jour estoit rois Flores à un sien grant manoir, Berte, LXV.• Les deux pars du fief, le quief [chef] manoir et l'ommage de ses sereurs de le [la] tierce partie, BEAUMANOIR XIII, 6.• Lez le bois avoit un manoir Où li vilains soloit manoir, Qui moult avoit cos et gelines, Ren. 8593.Prov. maner. C'est l'infinitif de l'anc. verbe manoir, demeurer, du lat. manere, même sens. Le latin manere, grec, zend upaman, rester, est rapproché par Curtius du sanscrit man, qui signifie penser, se souvenir, manas, mens ; il croit que ces mots n'ont conservé que le sens dérivé, spiritualisé, de la racine, et que la signification concrète et originelle en est être stable, persister.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.