- insipide
- (in-si-pi-d') adj.1° Qui est sans saveur et qui, par là, est désagréable au goût. Breuvage insipide.• Des sauterelles et du miel sauvage, du pain et de l'eau, ce fut toujours là son mets le plus délicieux : persuadé que l'usage des créatures est le prix du sang de Jésus-Christ, il ne s'accorde qu'avec mesure les plus insipides, MASS. Panég. St-Franc. de P..2° Fig. Qui est privé de toute saveur intellectuelle ou morale.• Et [mon esprit] ne saurait souffrir qu'une phrase insipide Vienne à la fin d'un vers remplir la place vide, BOILEAU Sat. II.• Un poëme insipide et sottement flatteur Déshonore à la fois le héros et l'auteur, BOILEAU ib. IX..• Mais Mardochée, assis aux portes du palais, Dans ce coeur malheureux enfonce mille traits, Et toute ma grandeur me devient insipide, Tandis que le soleil éclaire ce perfide, RAC. Esth. II, 1.• Rien ne serait plus insipide, si l'on ne faisait que s'entr'aimer, FONTEN. Sapho, Laure..• Cette passion rend insipides toutes les choses du ciel, MASS. Carême, Prodigue..• On ne trouve dans la prière que des égarements d'esprit qui la rendent insipide et insoutenable, MASS. Carême, Prière 1.• Les vers médiocres sont ce qu'il y a de plus insipide au monde, VOLT. Lett. Boissy, 7 déc. 1770.3° Qui n'a aucun agrément, en parlant des personnes. Un harangueur insipide. Un railleur froid et insipide.• Un amant qui ne soupçonne point sa maîtresse, qui n'est point en fureur contre elle, qui ne la tue point, est un homme insipide, mais il est beau de réussir sans amour chez les Français, VOLT. Lett. d'Argental, 18 juillet 1772.• Je vous sais bon gré, Madame, de lire l'Histoire d'Angleterre par Thoyras ; vous la trouverez plus exacte, plus profonde et plus intéressante que celle de notre insipide Daniel, VOLT. Lett. Mme du Deffant, 18 août 1761, p. 461.• C'est bien la plus insipide petite créature que vous ayez jamais vue, GENLIS Ad. et Théod. t. II, p. 261, dans POUGENS.INSIPIDE, INSAPIDE. Insapide désigne ce qui n'a aucun goût, ni bon ni mauvais ; insipide, ce qui n'a aucun goût quand cette absence de goût va jusqu'à rendre la chose désagréable, rebutante. Du reste, cette distinction est récente.XVIe s.• Oh ! la sotte composition et insipide, MONT. III, 384.Provenç. insipid ; espagn. et ital. insipido ; du lat. insipidus, de in..., et sapidus, sapide.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.