- arbitre
- arbitre 1.(ar-bi-tr') s. m.1° Celui qui, agréé ou désigné par les parties, juge un différend.• Sa probité le rend l'arbitre de tous les États, FÉNEL. Tél. V.• Il faut prendre pour arbitre un peuple voisin, FÉNEL. ib. XXIII.• Je vous fais notre arbitre, et vous nous jugerez, RAC. Brit. IV, 2.• Dois-je sur sa foi La prendre pour arbitre entre son fils et moi ?, RAC. ib. I, 4.• Vous-même, amour à part, je vous en fais arbitre, CORN. Nicom. I, 2.Tiers arbitre, l'arbitre chargé de décider entre deux autres.2° S. m. et f. Maître absolu, maîtresse absolue. Arbitre de la vie et de la mort. La fortune est l'arbitre de toutes choses.• Mais parle.... de son sort qui t'a rendu l'arbitre ?, RAC. Andr. V, 3.• Et des jours de son frère arbitre souveraine, RAC. Baj. I, 1.• Il vous fait de son sort arbitre souveraine, RAC. Brit. V, 1.• De la Grèce déjà vous vous rendez l'arbitre, RAC. Iph. IV, 6.• Mais si de leur puissance ils vous laissent l'arbitre, CORN. Sertor. II, 2.• Quand de toute l'Asie il se fut vu l'arbitre, CORN. Cinna, III, 4.• Lorsqu'il se vit établi arbitre souverain des lois, FLÉCH. le Tel..• Ils se rendirent les arbitres de la doctrine, BOSSUET Hist. II, 5.• On ne laisse pas les convalescents arbitres de leur nourriture, BOSSUET Lett. Corn. 62.• Chacun s'est fait à soi-même un tribunal où il s'est rendu l'arbitre de sa croyance, BOSSUET Reine d'Angl..XIIIe s.• Et tel digneté li jugiés Qu'il poïst estre arbitre et juge, la Rose, 15229.• Et s'il i a contenz [dispute], il doit estre ostez par arbitre esleuz d'une partie et d'autre, Liv. de Just. 16.• Il est bon que noz parlons en cest capitre qui ensuit, d'une maniere de juges c'on apele arbitres, BEAUMANOIR XLI, 1.• Tex manieres de descors doivent estre apaisé par le [la] declaration que li arbitre font en lor recort, BEAUMANOIR XXXIX, 7.XIVe s.• Estre arbitres et modereurs du publique conseil, BERCHEURE f° 35, verso..XVIe s.• Lavinus feit response que les Romains ne le vouloient point pour arbitre, ny ne le craignoient point pour ennemy, AMYOT Pyrr. 34.Bourguig. airbitre ; provenç. arbitre ; espagn. et ital. arbitro ; d'arbiter.————————arbitre 2.(ar-bi-tr') s. m.Terme de métaphysique. Volonté. Libre arbitre, puissance qu'a la volonté de choisir entre plusieurs partis sans motif extérieur ; pouvoir de se déterminer sans aucune cause que la volonté elle-même.• La grâce efficace meut le libre arbitre, PASC. Prov. 18.• Je dis que la liberté ou le libre arbitre est certainement en nous, et que cette liberté nous est évidente, BOSSUET Libre arb. 2.On dit, dans le même sens, mais plus rarement, franc arbitre.Dans le langage ordinaire, libre arbitre signifie seulement une volonté qui n'est pas contrainte.XVe s.• Cestui-là i alla de son franc arbitre et de noblesse de cueur pour l'honneur du pere et de la maison, G. CHASTEL. Chron. des D. de Bourg. II, ch. 56.XVIe s.• C'est l'usance des tyrans, qui veulent leur arbitre tenir lieu de raison, RAB. Garg. I, 9.• Nous parlerons du franc et serf arbitre de l'homme, CALV. Instit. 162.• Ceux qui maintiennent le liberal arbitre, le jettent bas en ruine, plustost qu'ils ne l'establissent, CALV. ib. 180.• Dieu nous a donné franc-arbitre en nostre nature, et ne nous impose point necessité, CALV. ib. 182.• Ils accordent que le nom d'arbitre se doit rapporter à la raison, .... que le titre de libre ou franc, lequel on adjouste avec, appartient proprement à la volonté, CALV. ib. 184.Arbitrium, de arbiter (voy. arbitre). Provenç. arbitre, franc albiri, albir, arbir ; espagn. et ital. arbitrio.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.