- humaniser
- (u-ma-ni-zé) v. a.1° Donner la nature humaine.• ....Je crus dans ce pain [hostie] que notre foi consomme Humaniser le verbe et diviniser l'homme, LAMART. Joc. V, 190.Donner le caractère humain.• Il [Socrate] fut le premier, comme dit Cicéron, qui s'avisa de faire descendre la philosophie du ciel, de la placer dans les villes, de l'introduire même dans les maisons particulières, l'humanisant, pour ainsi dire, et la rendant plus familière, plus à l'usage de la vie commune, plus à la portée des hommes, ROLLIN Hist. anc. Oeuv. t. IV, p. 350, dans POUGENS.• Ils trouvaient leur maître tout changé depuis que la comédie l'avait humanisé, SCAR. Rom. com. II, 3.• Déjoce fut si occupé à adoucir, à humaniser les moeurs de la nation, et à faire des lois pour le gouvernement, qu'il n'entreprit jamais rien contre ses voisins, ROLLIN Hist. anc. Oeuv. t. II, p. 75.• Son règne [d'Édouard IV] humanisa un peu les moeurs de la nation, VOLT. Moeurs, 117.3° Rendre plus traitable, plus favorable.• On a fait ce qu'on a pu pour adoucir cet homme ; dans un terme plus nouveau, on dit : on a fait ce qu'on a pu pour l'humaniser, MARG. BUFFET, Observ. p. 36, 1668.Par extension.• Ne paraissez point si savant, de grâce ; humanisez votre discours, et parlez pour être entendu, MOL. Crit. de l'Éc. des f. sc. 7.4° S'humaniser, v. réfl. Devenir plus doux, plus traitable. Il n'est plus si revêche, il commence à s'humaniser.• Que d'un peu de pitié ton âme s'humanise, MOL. Amph. III, 7.5° Se dépouiller d'une trop grande sévérité de sentiments, d'une façon de vivre trop austère. Il s'humanise peu à peu, il ne fuit plus le monde comme il faisait.• Et vous n'ignorez pas que ce maître des dieux Aime à s'humaniser pour des beautés mortelles, MOL. Amph. Prologue..• M. le duc s'humanisa en compliments flatteurs qui n'étaient guère de son style, SAINT-SIMON 258, 206.• Quand on a peur, tout orgueil s'humanise, VOLT. Bégueule..6° Se conformer, s'accommoder à la portée des autres.• Il est vrai que son mérite [d'une dame] s'est fort humanisé : elle en a toujours eu beaucoup pour ceux qui la connaissaient ; mais cette lumière, qui était sous le boisseau, éclaire présentement tout le monde, SÉV. 306.• Je ne suis plus dans ce dialogue-là le divin Platon, ou du moins je me suis bien humanisé, FONTEN. Jugem. de Platon..• Joignez-y [à certaines personnes réunies] un ou deux Anglais pensants qui sont ici, et qui, dit-on, s'humanisent jusqu'à parler, VOLT. Lett. Thiriot, 15 mai 1735.XVIe s.• Tu admires et estimes Socrates comme personnage qui, par sa ronde simplicité, sans fard ni vanité quelconque, a plus humanisé, par maniere de dire, c'est à dire attribué à la raison humaine, la philosophie, AMYOT dans le Dict. de DOCHEZ..Humain.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.