- griffonner
- (gri-fo-né) v. a.1° Écrire mal, d'une manière très difficile à lire.• Et déjà le notaire a, d'un style énergique, Griffonné de ton joug l'instrument authentique, BOILEAU Sat. X..• Mon héros griffonne de sa main des lettres qu'à peine on peut lire, VOLT. Lett. Richelieu, 9 janv. 1767.Absolument.• Mes douleurs se sont changées en enflure, de sorte que cette pauvre main droite ne peut plus me servir à griffonner comme ces jours passés, SÉV. Lett. 29 janv. 1676.• Je suis émerveillé de votre belle écriture, la plupart des princes griffonnent, et Votre Altesse sérénissime aura peine à trouver des secrétaires qui écrivent aussi bien qu'elle, VOLT. Lett. prince de Prusse, 18.• Surdité annonce décadence ; mais la main va et griffonne, VOLT. Lett. d'Argental, 1er avr. 1761.2° Fig. et familièrement. Composer, rédiger avec précipitation et négligence.• Il brûle tout ce qu'il griffonne, SÉV. 580.• Je me sais bon gré d'avoir griffonné dans ma vie tant de prose et tant de vers, VOLT. Lett. en vers et en prose, 41.• Tandis que les orages se formaient et se dissipaient au-dessous de l'entre-sol de Quesnai, il griffonnait ses axiomes et ses calculs d'économie rustique, MARMONTEL Mém. v..Absolument.• Est-ce que tu fais aussi des vers ? je t'ai vu là griffonnant sur ton genou et chantant dès le matin, BEAUMARCH. Barb. de Sév. I, 2.C'est un homme qui ne sait que griffonner, c'est un mauvais écrivain.3° Dessiner grossièrement. Griffonner un croquis.XVIe s.• Quand les peines et fatigues de ceux qui harpient à griffonner l'or, seroient plus grandes que ne les avez fait, CHOLIÈRES Contes, f° 11, dans LACURNE.Griffon 1. Griffonner, c'est d'abord saisir comme un griffon, puis écrire comme un animal qui a des griffes. Le mot griffe a aussi influé sur le sens ; car on a pensé que griffe et griffon avaient le même radical.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.