- gonfler
- (gon-flé) v. a.1° Rendre plus ample par une distension intérieure. Gonfler une vessie. Le pigeon gonfle sa gorge. L'eau a gonflé cette éponge.• Il [le soleil] gonfle de ses feux les trésors dont l'automne En riant se couronne, C. DELAV. Paria, I, 5.Par extension.• Un orage qui gonfle un torrent, le vent qui dérobe un piége ou une embuscade sous des tourbillons de poussière, la foudre qui épouvante les chevaux ou qui se confond avec le bruit des canons, RAYNAL Hist. phil. XIII, 49.Gonfler, se dit aussi des aliments qui produisent des flatuosités, un sentiment de distension.• Les oeufs me gonfleraient, dit la cadette, MARIVAUX Pays. parv. 1re part..2° Fig. Agir sur l'âme comme ce qui gonfle agit sur le corps. Sa fortune l'a gonflé d'orgueil.3° V. n. Devenir gonflé. Cette pluie fera gonfler le raisin. Cette pâte gonfle dans la poêle.4° Se gonfler, v. réfl. Devenir gonflé. Ses veines se gonflent.Le coeur se gonfle quand il devient gros et qu'on a envie de pleurer.• Elle ne boude pas, mais son coeur se gonfle, J. J. ROUSS. Ém. v..On dit aussi que le coeur se gonfle de joie.• On doit se ressouvenir qu'au mot seul de comédie, j'avais senti mon coeur se gonfler de joie, MARIVAUX Pays. parv. 6° part..Fig. Éprouver un sentiment qui gonfle l'âme comme l'air gonfle un ballon.• Nous sommes dans un siècle où chacun veut s'enfler ; D'une vanité sotte on cherche à se gonfler, BOURSAULT Fables d'Ésope, IV, 2.• Sans ce pauvre garçon j'allais me méconnaître, Et me gonfler d'orgueil aussi bien que mon maître, DESTOUCHES Glor. II, 9.XVIe s.• Le crapaut se confle et enfle, se remplissant d'air, au moyen de quoy il resiste aux coups, PARÉ XXIII, 32.Ital. gonfiare, du lat. conflare, souffler avec, et dans les bas temps, gonfler (intestina conflata, Coel. aurelianus) ; de cum, avec, et flare, souffler.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.