- fourreau
- (fou-rô) s. m.1° Sorte de gaîne, d'enveloppe servant à recouvrir un objet pour le préserver. Fourreau d'épée, de baïonnette. Fourreau de parapluie.• Jacques 1er, avec beaucoup de courage, sentit toute sa vie un frémissement involontaire quand on tirait une épée du fourreau, VOLT. Dict. phil. Influence..• Occam demanda à l'empereur Louis de Bavière qu'il défendît sa plume par son épée impériale contre Scot....heureusement l'épée de Louis de Bavière resta dans le fourreau, VOLT. ib. Sottise..• Le fourreau de pure soie que notre chenille se construit dans la tête du chardon, BONNET Observ. 19, Insectes..Faux fourreau, sorte de fourreau dont on couvre le vrai fourreau d'une épée, d'un pistolet, etc.Fig.• C'est que je voulais, bourreau, Que .... Ma dague au pommeau d'agate Eût ta gorge pour fourreau, V. HUGO Orientales, 30.Fig. Le fourreau est jeté, se dit d'une guerre à outrance.• Quelque insensée que fût l'entreprise d'Albéroni sans alliés, le fourreau était jeté, SAINT-SIMON 475, 114.Tirer l'épée du fourreau, commencer la guerre. Remettre l'épée au fourreau, faire la paix.Coucher comme l'épée du roi dans son fourreau, ou, simplement, coucher dans son fourreau, coucher tout habillé.Fig. La lame use le fourreau, se dit d'une personne chez qui la grande activité de l'âme use le corps.2° Robe d'enfant. On mit à cette petite fille un fourreau.Nom depuis le règne de Louis XVI jusque sous le premier empire, d'une robe de femme taillée d'une façon étroite et tout d'une venue.3° Morceau de peau dont on garnit le trait d'un harnais à l'endroit où il frotte contre le flanc du cheval.4° Terme de vétérinaire. Repli cutané, qui enferme la verge des chevaux et autres animaux dans l'état d'inaction.5° Tuyau de tôle dans lequel est ajustée une bascule pour le service d'une sonnette.Tuyau de cuivre rapporté au haut d'un corps de pompe pour servir de réservoir à l'eau.6° Grand cartouche qui renferme plusieurs pots à feu d'artifice.7° Morceau de parchemin dont les batteurs d'or enveloppent les moules, pour que les feuilles d'or ne se dérangent point.8° Ce qui enferme et couvre l'épi quand il n'est pas encore bien formé.9° Mésange à longue queue.XIe s.• Contre deus deies [à deux doigts près] l'ad du furrer jetée [son épée], Ch. de Rol. XXXIII.XIIe s.• Cil bastart jugleor qui vont par ces vilax [villes], à [avec] ces grosses vieles as depennez forriax, Chantent de Guiteclin...., Sax. II.XIIIe s.• Et salirent sus, et traisent les espées des fuerres, et se ferirent grans cols [coups] sour les heaumes et sour les escus, Chr. de Rains.• Nus mestre du mestier desus dit ne puet faire fourrel, ne cofiniau, ne autre estui, s'il n'a double fonz desous et desus, Liv. des mét. 165.• S'il veut porter arc et sajetes, port [qu'il porte] l'arc destendu et les sajetes en le [la] main ou en forrel, BEAUMANOIR LVIII, 13.XVe s.• À ces mots dit messire Pierre de Craon en tirant son espée hors du fuerre : à mort, à mort Cliçon ! si vous faut mourir, FROISS. III, IV, 28.Diminutif de l'ancien français fuere (conservé dans le parler génevois : une fourre, un fourreau) qui signifiait fourreau ; ital. fódero ; espagn. et portug. forro. Fuere et les autres formes romanes viennent du germanique : gothique et anc. haut allem. fôdr, fourreau, gaîne ; suéd. foder ; allem. mod. Futter, gaîne, enveloppe extérieure. Mais le français donnait aussi à fuerre, feurre, foare, le sens de paille ou fourrage, qui a la même origine (voy. feurre).
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.