- absorber
- (ab-sor-bé, ou, suivant la prononciation réelle, ap-sor-bé) v. a.1° Faire entrer en soi. Ce que la terre absorbe. Tu avais absorbé tant de vin. L'éponge absorbe l'eau. Le sang absorbe l'oxygène de l'air atmosphérique. Jusqu'à ce que l'olive ait absorbé le sel. Le mercure est absorbé dans l'estomac. Le poison une fois absorbé manifeste ses effets.• Il conçoit que les comètes sont des taches du soleil.... elles s'élèvent jusqu'à une certaine distance et retombent ensuite dans le soleil qui les absorbe de nouveau et les dissout, FONTEN. Hartsoëker.• Seigneur.... Entends du haut du ciel le cri de mes besoins ; Et, comme le soleil aspire la rosée, Dans ton sein à jamais absorbe ma pensée, LAMART. Médit. XVI.2° Faire disparaître, épuiser, consumer. Le noir absorbe la lumière. Les procès ont absorbé son patrimoine. Les intérêts absorbent le capital. La Chine et l'Inde absorbent une grande partie du numéraire de l'Occident. Les impôts ont absorbé leur fortune. Un faible cri absorbé dans la clameur de la multitude. Mon temps est absorbé par mille affaires de détail.• Enfin les riches, en reculant peu à peu les bornes de leurs terres, avaient absorbé et confondu la plupart des terres communes, VERTOT Rév. III, 227.• La grande affaire a absorbé la petite, BOSSUET Lettr. 81.• L'image de la chair du péché a été absorbée par la gloire, PASC. édit. Cous..• Une vicissitude d'affaires qui absorbe toute leur vie, MASS. Temps..3° Appliquer l'esprit, occuper entièrement. Absorber l'attention. Cette affaire l'absorbe tout entier. Pensées qui absorbent. Ceux qu'absorbe le soin du salut de l'État.• Le spectacle absorbait tellement les spectateurs.... Cette récompense nous absorbe tout à fait en Dieu, BOSSUET Or. 10.• Qu'un plus sublime objet absorbe ma pensée, C. DELAV. Par. II, 3.4° S'absorber, v. réfl. Être absorbé. L'oxygène s'absorbe dans le poumon. Le Rhin s'absorbe dans les sables. Il s'absorbe dans sa douleur. S'absorber dans l'étude des mathématiques.ABSORBER, ENGLOUTIR. Idée commune, disparition de la chose qui est absorbée ou engloutie. Mais absorber indique une action successive, et engloutir, une action faite d'un seul coup. On absorbe peu à peu ; on engloutit à la fois. Un fleuve s'engloutit dans un abîme, il s'absorbe dans les sables. Un patrimoine est englouti dans une fausse spéculation ; il est absorbé par les procès. Au figuré, la synonymie cesse. On est absorbé dans ses peines, dans sa douleur, mais non englouti.XIIIe s.• Deables le puist asorber, Quand il nous fet tant de mal traire, Ren. 5892.• De ce me merveil sans doutence, Quant la mer, qui est nete et pure, Souffroit son pechié et s'ordure, Et qu'enfers ne l'asorbissoit, RUTEB. II, 111.XIVe s.• Pour ce que li sire lui fist Les deux ieus asorbir au chef, DU CANGE absorbere.• Si que les dicts engins [de pêche] assorboient si touz petis poissons flevoins [de fleuve] et autres, que se pourveance n'eust esté faicte..., Ord. de Philippe le Long, Bibl. des Ch. 3e série, t. IV, p. 54.• Cette delettation est aussi comme evanouie et absorbée, ORESME Eth. 89.• La delettation qu'il a en sa vertu asorbe et annichile toute tristesse, ORESME ib. 90.XVe s.• Que l'en [on] y dist grandement estre adommagié et assorbi [diminué], DU CANGE ib..Absorbere, de ab, indiquant séparation, et sorbere, avaler.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIREABSORBER. - HIST. XIIIe s. Ajoutez :• E la clarté, ke de vus vint Absorba tant mes oilz et tint..., Édouard le Confesseur, V. 2119.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.