- s'enfuir
- enfuir (s')(an-fuir), je m'enfuis, nous nous enfuyons, vous vous enfuyez, ils s'enfuient ; je m'enfuyais, nous nous enfuyions, vous vous enfuyiez ; je m'enfuis, nous nous enfuîmes ; je m'enfuiral ; je m'enfuirais ; enfuis-toi ; que je m'enfuie, que nous nous enfuyions, que vous vous enfuyiez ; que je m'enfuisse ; s'enfuyant ; enfui, v réfl.1° Se retirer en toute hâte, en prenant la fuite. S'enfuir au moment du danger. S'enfuir de prison.• C'est, me dit-il, notre grand et incomparable Molina, qui, par sa prudence inimitable, l'a estimée [une somme volée] à six ou sept ducats, pour lesquels il assure qu'il est permis de tuer, encore que celui qui les emporte s'enfuie, PASC. Prov. 7.• Si tôt qu'elle me voit, elle s'enfuit de moi, RACAN Bergeries, II, 4, le Satyre.• Ceux qui me voyaient s'enfuyaient, SACI Bible, psaume XXX, 12.• Et son âme en courroux s'enfuit dans les enfers, RAC. Théb. v, 3.• J'ai vu des citoyens s'enfuir avec horreur, VOLT. M. de Cés. II, 4.• Et quand la nuit revient en cet affreux château, De Saphire éplorée on revoit l'ombre errante ; Elle tient dans ses mains une tête sanglante, La presse sur son sein, et l'embrasse et s'enfuit, MASSON Helv. v..• Un maître fou qui, dit-on, Fit jadis mainte fredaine, Des loges de Charenton S'est enfui l'autre semaine, BÉRANG. Juge de Char..Avec ellipse du pronom personnel. Comment l'avez-vous laissé enfuir ?Par extension.• Les rivages s'enfuyaient loin de nous, FÉN. Tél. III.2° S'évanouir, disparaître. Le temps s'enfuit.• Pour toute récompense il n'obtient qu'un vain bruit, Qu'un triomphe frivole, un éclat qui s'enfuit, VOLT. Brutus, I, 4.• La coupe de mes jours s'est brisée encor pleine ; Ma vie en longs soupirs s'enfuit à chaque haleine ; Ni larmes ni regrets ne peuvent l'arrêter, LAMART. Médit. II, 5.• Qu'est-ce donc que des jours pour valoir qu'on les pleure ? Un soleil, un soleil, une heure et puis une heure ; Celle qui vient ressemble à celle qui s'enfuit, LAMART. ib..3° S'échapper d'un vase, en parlant d'une liqueur. Votre vin s'enfuit. Le lait s'enfuira bientôt.Par métonymie. On dit qu'un vase s'enfuit, lorsqu'il laisse échapper la liqueur qu'il contient. Ce tonneau s'enfuit. Aujourd'hui on se sert plus ordinairement de fuir.Fig. Ce n'est pas par là que le pot s'enfuit, ce n'est pas par là que l'affaire peut manquer.Autrefois et jusque dans le XVIIe siècle, on a considéré, dans s'enfuir, la préposition comme mobile.• Vite, fuis-t'en, LA FONT. Lunet..• Ils s'en sont fuis, BOSSUET Excus. 2.Aujourd'hui cet archaïsme est hors d'usage et considéré comme une faute ; il faudrait dire : enfuis-toi ; ils se sont enfuis ; mais d'aucune façon on ne dira : ils s'en sont enfuis ; c'est une grosse faute.XIe s.• Si est aucuns qui blamet seit et si il s'en fuist...., Lois de Guill. 48.• Dient Franceis : Dehait [mal] ait qui s'enfuit, Ch. de Rol. LXXX.• Fuïr s'en [il] velt, mais ne lui valt nient, ib. CXXIII.• De ce cui chaut ? Fuït s'en est Marsiles, ib. CXLI.XIIe s.• Que est à tei, mer, que tu t'enfuis ? e tu, Jordain, que tu ies convertiz ariere ?, Liber psalm. p. 176.• Fuit s'en fel Guenes, grant paor a de soi, Ronc. p. 183.• Absalon s'enfuid à Tholomai le fiz Amiur le rei de Jessur, e là demeurad treis ans, Rois, p. 167.XIIIe s.• Belle, fuiez vous en, n'y soit plus delaié [tardé], Berte, XXI.• Je m'en foï sans plus atendre, la Rose, 7314.• S'il s'enfuit, il a perdu honnor et tout ce qu'il tient en fief, BEAUMANOIR 56.XIVe s.• C'est en cest siecle ung grant deluge ; N'est celuy qui d'elle [de la mort] s'enfuge, Liv. du bon Jehan, 25.XVIe s.• Si estonné et si transi qu'il ne pouvoit prendre party de s'enfuyr, MONT. I, 62.En 2, et fuir ; provenç. enfugir.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.