- embarras
- (an-ba-râ ; l's se lie : un en-ba-râ-z ennuyeux) s. m.1° Obstacle qui barre une voie, un chemin. Il y a de l'embarras dans cette rue. Un embarras de voitures.• Quand un autre [carrosse], à l'instant s'efforçant de passer, Dans le même embarras se vient embarrasser, BOILEAU Sat. VI.• Il ne fallait que l'embarras d'un défilé, quelques marches forcées ou une boutade de cosaques pour nous débarrasser de tout cet attirail [bagages], SÉGUR Hist. de Napol. IX, 1.Fig. et familièrement. Faire de l'embarras, des embarras, ses embarras, se donner de grands airs, affecter de grandes prétentions.2° Ce qui gêne. J'ai trop de meubles, cela met de l'embarras chez moi. L'embarras fut grand à l'arrivée d'une compagnie qu'on n'attendait pas.• Une tête empanachée N'est pas petit embarras, LA FONT. Fabl. IV, 6.• Je ne suis pas de ceux qui font leur volupté Des embarras charmants de la paternité, C. DELAVIGNE École des vieill. I, 1.Causer de l'embarras à quelqu'un, venir demander à dîner ou à coucher chez quelqu'un qui n'est pas préparé à recevoir.Populairement. Ce n'est pas l'embarras, c'est-à-dire ce n'est pas là ce qui peut embarrasser, arrêter, retarder, et, par suite, quoi qu'il en soit, néanmoins ; locution née d'après Mme de Genlis, pendant la Révolution. Ce n'est pas l'embarras, vous arriverez toujours à votre but.Embarras de la langue, difficulté à articuler. Il lui est resté de son attaque un embarras de la langue.3° Confusion de choses difficiles à débrouiller. Un procès où il y a de l'embarras. L'embarras de ses affaires inquiète ses créanciers.4° Pénurie d'argent. Cette famille est dans un grand embarras.• Nous nous sommes trouvés dans de grands embarras ; Mais depuis quelque temps un oncle, un honnête homme.... A bien voulu descendre aux ténébreux manoirs, REGNARD Ménechm. IV, 2.• Il est jeune, il a dépensé étourdiment tout son argent, il est dans un extrême embarras, Mme DE GENLIS Théâ. d'éduc. le Libraire, sc. 3.5° Difficultés résultant d'une multitude d'affaires. Se trouver dans un embarras inextricable d'affaires.• Des embarras du trône effet inévitable, RAC. Esth. II, 3.• Gardez-vous de vous jeter dans cet embarras, FÉN. Tél. XXIII.6° Difficulté résultant de ne savoir que faire, que répondre.• L'embarras où elle jette les princes, CORN. Ex. de Rodog..• Un autre hymen vous met dans le même embarras, CORN. Sertor. II, 4.• C'est ce qui vous met dans un fâcheux embarras, PASC. Prov. 12.• L'embarras n'était pas petit, parce que, quoi qu'on pût dire, on sentait bien qu'il n'y avait ni grande ni petite église composée de pasteurs et de peuple, où l'on pût montrer la foi qu'on voulait faire passer pour la seule vraiment chrétienne, BOSSUET Var. XIV, § 16.• Il n'a point dans ses vers l'embarras de choisir, BOILEAU Sat. II.• Son coeur, toujours flottant entre mille embarras, Ne sait ni ce qu'il veut, ni ce qu'il ne veut pas, BOILEAU ib. VIII.Embarras d'esprit, peine d'esprit.7° État de celui qui est interdit, troublé.• L'embarras avec lequel je lui parlai l'obligea de me presser, LE COMTE DE BUSSY dans RICHELET.• [S'il] ne confond d'abord par ses doux embarras Tous les raisonnements d'aimer ou n'aimer pas, TH. CORN. Ariane, I, 3.• Télémaque, qui vit son embarras, n'osa lui dire que...., FÉN. Tél. XXIII.• Quand Philoctète dépeignit l'embarras de Néoptolème, qui ne savait pas dissimuler, Télémaque parut dans le même embarras, FÉN. ib. XVI.• Sa physionomie portait l'empreinte de cette espèce de souffrance que cause toujours un extrême embarras, Mme DE GENLIS Mlle de la Fayette, p. 307, dans POUGENS.• Craignez-vous de montrer ce front jeune et timide ? Un si grand embarras sied mal à la vertu, DUCIS Othel. I, 6.8° Terme de médecine. Embarras gastrique, trouble de la digestion avec nausées, vomissement, et souvent coliques et diarrhée.Embarras des premières voies, état caractérisé par une langue chargée, jaunâtre, de l'inappétence, la bouche pâteuse, etc.9° Dans le langage familier. Mettre une fille dans l'embarras, la rendre enceinte.EMBARRAS, TIMIDITÉ. L'embarras est extérieur ; il tient aux circonstances, et se montre dans la manière d'être. La timidité est intérieure, elle tient au naturel et peut ne pas se montrer. On peut être fort embarrassé sans être timide.XVe s.• Aiant trouvé un embarras de charrettes à la rue de la Feronnerie, D'AUB. Hist. III, 546.En 1, et barre ; espagn. embarazo ; ital. imbarrazzo.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.