an

an
(an) s. m.
   Le temps que met la terre à faire sa révolution autour du soleil.
   Le premier jour de l'an ou le premier de l'an, le premier jour de l'année.
   La fleur des ans, la première jeunesse.
   Les jeunes ans, le temps de la jeunesse.
   Les vieux ans, le temps de la vieillesse.
   Les ans, la vieillesse.
   Sous le faix du fagot aussi bien que des ans, LA FONT. Fab. I, 16.
   Approchez, je suis sourd, les ans en sont la cause, LA FONT. ib. VII, 16.
   Dans la nuit du tombeau les ans l'ont fait descendre, VOLT. Oedipe, V, 2.
   Tithon n'a plus les ans qui le firent cigale, MALH. Ode à Duperier..
   An du monde, an de la création, de Notre-Seigneur ; l'an où l'on est depuis la création, depuis la naissance de Jésus-Christ.
   An I, an II, an VIII s'employaient pour indiquer les années de l'ère de la république française, commencée le 22 septembre 1792.
   Bon an mal an, compensation faite des bonnes et des mauvaises années.
   Et l'on m'a assuré qu'elle portait d'ordinaire sur elle, bon an mal an, trente quintaux de chair, SCARR. Rom. com. ch. VIII, 2e part..
   Nous payons [au gouvernement], bon an mal an, 900 millions, P. L. COUR. I, 190.
   Par an, chaque année. Il gagne 2000 fr. par an.
   Service du bout de l'an ou simplement bout de l'an, le service qu'on fait dans une église pour une personne un an après sa mort.
   Bon jour et bon an, façon de saluer populaire quand on voit une personne dans les premiers jours de l'année.
10°   En termes de jurisprudence, an et jour, l'année révolue et un jour en plus.
   AN, ANNÉE. Ces deux termes s'emploient indifféremment l'un pour l'autre, sauf certaines locutions consacrées où l'on ne peut pas substituer année à an, comme bon an mal an, et sauf que, quand on veut qualifier l'année à l'aide d'une épithète, on se sert non de an, mais d'année. On ne dira pas un bon an, un an abondant, un an heureux, mais une bonne année, une année abondante, une année heureuse.
   XIe s.
   À tant cum la cense est de un an, L. de Guill. 40.
   Set anz touz pleinz ad ested en Espaigne, Ch. de Rol. I.
   Ensemble [nous] avons ested et ans et dis [jours], ib. CXLIX.
   XIIe s.
   [Charlemagne] a bien passé cent ans, Roncisv. p. 26.
   Puis fu set anz accomplis et entiers, ib. p. 31.
   En vieille geste est escriz de lons ans, ib. p. 86.
   Et pour son fil qu'il eut nourri tant ans, ib. p. 142.
   L'an que rose ne feuille Ne fleur [je] ne voi paroir, Couci, VIII.
   Je souferrai mon domage, Tant que l'an verrai passer, Dame de Faiel dans Couci.
   Bien [tu] peuz conquerre France, or est entrez li ans [l'année en est venue], Sax. V.
   XIIIe s.
   Trois ans [il] fut chevaliers, pleins fut de courtoisie, Berte, II.
   Vingt ans avoit Pepins, ainsi [je] l'ouï esmer, ib. III.
   Cinq cens livres par an à chascune [il] donra, ib. CXXXI.
   Li an et li jour s'en vont aussi comme l'aigue qui court aval sans retourner, RICHARD DE FOURNIVAL dans Hist. litt. t. XXIII, p. 723.
   Quant la terre est bien replenie de flors et de fruiz, lors est li anz coronez, Psautier, f° 75.
   Ceste addition fu fete en l'an de grace mil...., Liv. des mét. 360.
   Se baillage escheit à damoiselle qui ait douze ans ou plus d'aage, et le vueille aveir et tenir et user, Ass. de Jér. I, 267.
   Il pot commander à l'eglise à qui li lais [legs] est fes, que il l'oste de se [sa] main et le mete en main laie dedans an et jour, BEAUMANOIR XII, 5.
   XVe s.
   Si Monseigneur de Flandres vouloit, il auroit, tous les ans, un grand profit sur les navieurs dont il n'a maintenant rien, FROISS. II, II, 52.
   Si fut cette chose si approchée que, droitement la nuit de l'an, la chose fut arrestée d'estre faite, et devoit le dit Aimery delivrer le chasteau de Calais en icelle nuit, FROISS. LI, 326.
   XVIe s.
   L'an passé est toujours le meilleur, GÉNIN Récréat. t. II, p. 242.
   Provenç. an ; espagn. ano ; ital. anno ; de annus. On a rapproché annus du terme grec signifiant l'année, du dorien et aussi d'un terme laconien, comme du gothique athn, année ; mais ces rapprochements ne paraissent pas s'accorder avec l'osque amnud, équivalent de anno. Amnud appuie ceux qui disent que annus est pour am-nus, et qui y voient un radical commun aux langues celtiques : cornouail. amser ; bas-bret. amzer ; irland. am ; gaél. âm, le temps ; sanscrit, amati, même signification. L'osque amnud empêche de confondre annus, an, et annus, anneau.
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
   AN. - SYN. Ajoutez : An ne s'emploie pas en astronomie.

Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. . 1872-1877.

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