- débit
- (dé-bi ; le t se lie : un dé-bi-t achalandé ; au pluriel, l's se lie : des dé-bi-z achalandés) s. m.1° Vente continue qui se fait dans une boutique, dans un magasin. Il y a du débit dans cette boutique. Le débit des marchandises. Ces étoffes sont hors de mode, elles n'ont plus de débit.• Il fait difficulté de l'imprimer parce qu'elle n'aura nul débit ici, BOSSUET Lett. quiét. 371.• Nous voulons faire un livre qui aura pour titre les peines légères et salutaires de l'amitié ; nous le ferions imprimer, sans que nous craignions de ruiner le libraire par le peu de débit ; tant il est vrai que peu de gens sont persuadés de cette vérité, SÉV. Lett. 16 mars 1689.Fig.• L'homme est si proche de soi-même qu'il ne peut trouver d'entre deux ni d'espace libre pour le débit du conseil qu'il se veut donner, BALZ. Premier disc. s. la cour..2° Commerce en détail et en boutique des boissons, vin, bière, cidre, eau-de-vie, etc. Débit de vin.Boutique d'un débitant, lieu où l'on débite.3° Droit de vendre certaines marchandises monopolisées par le gouvernement. Tenir un débit de tabac, un débit de poudre.4° Terme de commerce. Partie d'un compte où l'on porte ce qui a été fourni à quelqu'un ou payé à quelqu'un (voy. crédit).5° Coupe de bois selon ses diverses destinations, par exemple en poutres, planches, échalas, etc.6° Action de raconter, de réciter.• Le récit des fausses nouvelles, les vagues réflexions sur le gouvernement présent, le débit des beaux sentiments, LA BRUY. V.Manière de parler, de raconter, de réciter. Il a un débit pénible, froid. Cet orateur a une grande netteté de débit.• Leurs discours ingénieux et fleuris, à l'aide d'un débit imposant, soutenaient l'attention d'une assemblée indulgente et disposée à l'approbation, ST-FOIX Ess. Paris, Oeuvres, t. III, p. 445, dans POUGENS.Terme de musique. Récitation qui se modifie suivant le sens des paroles. Un débit chaleureux.7° Terme d'hydraulique. Débit d'une fontaine, d'une conduite d'eau, de gaz, la quantité qu'elle fournit dans une certaine unité de temps.• L'examen attentif des plis de la courbe fluviométrique fait découvrir de petits ressauts qui, correspondant à des augmentations du débit [du Rhône], indiquent sans doute l'apport des plaines durant les vicissitudes de cette phase, FOURNET Observ. sur le Rhône, Comptes rendus, Ac. des sc. t. LI, p. 958.• L'auteur s'est proposé de déterminer les hauteurs d'eau et les débits qui ont lieu successivement, par suite des oscillations de la marée dans une série de profils en travers de la Loire, FOURNET ib. t. LIV, p. 593.XVIe s.• Cet article sera pour le debit de fruicts et denrées, dont le pere de famille desire tirer argent, O. DE SERRES 138.• La cognoissance du bestail, sa nourriture et sa debite [vente], seront toute son estude, O. DE SERRES 15.• Dont la debite est d'autant plus avilée, que moins l'on tire d'argent des choses legeres que des pesantes se vendans au poids, O. DE SERRES 681.Génev. débite, vente. On le tire de debitum, chose due ; on trouve en effet debite au XIIIe s. avec ce sens, Voy. DU CANGE, debitum. Mais chose due et débit ne sont pas même chose ; il faudrait un intermédiaire. On pense le trouver dans débiter, qui, du sens de créditer, aurait passé à celui de vendre en détail ; mais à l'historique il n'a que ce dernier sens.• Un doute reste donc ; alors se présente le latin deputare, débiter : vinum deputandum venale, PROBUS Scol. sur les Géorg. SERVIUS, Gött., t. II, p. 364 ; il mérite attention..SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIREDÉBIT. Ajoutez : - REM.• Au XVIIe siècle, on disait débite au féminin : Il y a en ce pays [Besançon] une si grande abondance de blé, que ce qui valait l'année dernière 6 livres 5 sols, ne vaut à présent que 22 sols, parce qu'il n'y a point de débite, BOISLISLE Corresp. contrôl. gén. des finances, p. 390, 1695.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.