- douloureux
- douloureux, euse(dou-lou-re-, re—z') adj.1° Qui cause de la douleur physique. Une plaie douloureuse. Une opération douloureuse.• Ah ! quel âpre tourment, quels douloureux abois !, CORN. Médée, V, 5.• Mais il faut vous quitter, ma mort est douloureuse, VOLT. Tancr. V, 6.2° Qui est endolori. Il a le pied douloureux. La partie douloureuse. Dans la péritonite le ventre est très douloureux.3° Qui exprime la douleur. Des plaintes douloureuses.• Aux élans redoublés de sa voix douloureuse, Tous ses valets tremblants quittent la plume oiseuse, BOILEAU Lutrin, IV.• La sultane, à ce bruit feignant de s'effrayer, Par des cris douloureux eut soin de l'appuyer, RAC. Baj. I, 1.• Hélas ! sur son visage J'entrevis de la mort la douloureuse image, VOLT. Mérope, III, 4.• Hélas ! il m'observait d'un regard douloureux, VOLT. Fanat. IV, 4.• C'est un chant douloureux dont mon coeur a besoin, DUCIS Othello, V, 2.4° Qui cause de la douleur morale. Un douloureux devoir. Une séparation douloureuse.• Exemple à l'univers De l'amour la plus tendre et la plus malheureuse Dont il puisse garder l'histoire douloureuse, RAC. Bérén. V, 7.• Tant de jours douloureux ! tant d'inquiètes nuits !, RAC. Baj. III, 7.• Ce bonheur douloureux, cette tendre langueur, L'aliment, le plaisir et le charme du coeur, DUCIS Abuf. IV, 8.• Combien il m'est douloureux de vous voir courir à votre perte !, FÉN. Tél. VII.• " nuit, nuit douloureuse ! et toi tardive aurore, Viens-tu ? vas-tu venir ? es-tu bien loin encore ?, A. CHÉN. Élég. XXIII.XIe s.• Que deviendrai, duluruse, chaitive ?, Ch. de Rol. CXCI.• Es-vous le chaple [combat] et dulurus e pesmes, ib. CCXLVII.XIIe s.• En France crut si doloros tourment, Ronc. p. 67.• Las [liens] dolereus qui si m'ont mal bailli, Couci, VII.• Mais nul partir, sachez, quoi que nus [nul] die, N'est dolereus que d'ami et d'amie, ib. XXIV.• Irons venger la honte dolereuse Dont chascuns doit estre irés [courroucé] et honteus, QUESNES Romanc. p. 94.• Au Mans avons sofert doleirose quinzaine, Sax. XXX.• Quant Deus ot fait Adam e mis en paradis, Pur le mesfait qu'il fist ne fu il pas ocis, Mais en cest dolereus mund fu en chartre mis, Th. le mart. 31.XIIIe s.• [Elle reçut] Maint doulereus maudit [malédiction], basset, à recelée, Berte, LXXXII.• Mes li dolereus vens de bise A contre li bataille emprise, Et le contraint par estovoir Toutes ses undes à movoir, la Rose, 6061.• [Images] Qui ne sunt mignotes ne cointes ; Ains sunt dolereuses et tristes, ib. 605.• Et l'autre respondi que, se le roy se croise, ce iert [ce sera] une des doulloureuses journées qui onques feust en France, JOINV. 299.XIVe s.• Helas ! que je suis malheureuse, Et sur toutes plus doloreuse, Quant je pense à toy, genre humain, Nat. à l'alch. err. 2.XVe s.• Après tant de males nuits et jours doloureux, LOUIS XI Nouv. LXXII.XVIe s.• Voire et si bien qu'en aymai tant fort une, Que nuict et jour j'en estoye douloureux, J. MAROT V, 331.• Là dessus [pour les supplices] ils sont en grand' peine : car si les torments sont violents, ils sont courts ; s'ils sont longs, ils ne sont pas assez douloureux à leur gré, MONT. III, 119.Provenç. doloros, doloiros ; espagn. et ital. doloroso ; du latin dolorosus, de dolor, douleur.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIREDOULOUREUX. Ajoutez :5° Qui ressent de la douleur.• On sent vivement les choses, et on succombe à ce sentiment si vif ; il y a des hommes qui sont douloureux partout, NICOLE dans SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. I, p. 461, 3e éd..
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.