- diction
- (di-ksion ; en vers, de trois syllabes) s. f.1° Manière de dire, de débiter un discours, des vers. Diction lourde, traînante.2° Manière de dire, eu égard au choix et à l'arrangement des mots.• [Avant Corneille] Les auteurs aussi ignorants que les spectateurs, la plupart des sujets extravagants et dénués de vraisemblance, point de moeurs, point de caractères, la diction encore plus vicieuse que l'action, RAC. Discours de réception de Th. Corneille.• Il [Voiture] fit ces vers espagnols que tout le monde croyait être de Lope de Vega, tant la diction en était pure, PELLISSON Hist. de l'Acad. t. I, p. 278, dans POUGENS.• Je corrigerai jusqu'à ce que la force de la diction puisse faire passer l'atrocité du sujet, VOLT. Lett. d'Argental, 22 juin 1766.• Racine qui a mis dans la diction un charme inconnu jusqu'à lui, VOLT. Lett. Somarokof, 26 fév. 1769.• La diction de saint Chrysostome est pure, mais laborieuse, CHATEAUB. Génie, III, IV, 2.• On voit que penser traduire Hérodote dans notre langue académique, langue de cour, cérémonieuse, roide, apprêtée, pauvre d'ailleurs, mutilée par le bel usage, c'est étrangement s'abuser ; il y faut employer une diction naïve, franche, populaire et riche comme celle de la Fontaine, P. L. COUR. Prospectus d'une trad. d'Hérod..• Les écrits corrects et savants de Port-Royal excitaient dans le parti contraire, jusque-là tout empreint de barbarie scolastique, une émulation de délicatesse, un soin scrupuleux de la diction, qui fut, après les ouvrages de génie, le secours le plus utile à la pureté de la langue, VILLEMAIN Dict. de l'Acad. Préface, p. XVII.• Ils ont tout du théâtre français, excepté cette grâce admirable de diction qui brille dans Esther ou dans Iphigénie, VILLEMAIN Littér. Tabl. du XVIIIe siècle, 2e partie, 2e leçon..3° Mot.DICTION, STYLE. La diction est la manière de dire ; le style est la manière d'écrire. Comme dire se prend, en certaines circonstances, pour écrire, diction se prend aussi pour style, et en est le synonyme, sans autre nuance que celle-ci, à savoir que style est d'un usage beaucoup plus général que diction.XVIe s.• Ils s'arrestent à ceste diction, du tout : laquelle toutesfois ne se rapporte pas au verbe qui est là mis, CALV. Instit. 291.• En ces premiers temps là il y avoit encore beaucoup de dictions grecques meslées parmy le langage latin, AMYOT Marcel. 11.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.