- contracter
- contracter 1.(kon-tra-kté) v. a.1° Terme de droit. S'engager par contrat ou par convention.• L'alliance que Dieu avait contractée avec cette race, BOSSUET Hist. II, 3.• Les sociétés qu'on y contracte ont le caractère de l'éternité, BOSSUET Lett. abb. 120.• Tu me dis qu'il a épousé ta maîtresse ; je crois qu'il aurait plus fait pour sa passion, et que avec elle il aurait épousé, toi, son chien et son chat ; un mariage ne lui coûte rien à contracter, MOL. D. Juan, I, 1.Absolument. Un mineur ne peut pas contracter.2° Se dit en certains cas lorsqu'il y a simplement fait de l'homme. Contracter des dettes, s'endetter. Les parents contractent l'obligation de nourrir leurs enfants.Contracter des obligations envers quelqu'un, recevoir de lui des services qui engagent.3° Par extension, joindre à soi, attacher à soi. Contracter un vice. Contracter une bonne habitude. Contracter amitié, familiarité.• Il est impossible que tu n'y contractes pas bien des souillures, MONTESQ. Lett. pers. 15.• Lorsqu'une fois nous avons contracté ces habitudes, nous agissons sans pouvoir observer les jugements qui les accompagnent, CONDILLAC Trait. sensat. part. 4e, Oeuvres, t. III, p. 350, dans POUGENS..• Partout où ils [les démagogues] ont du crédit, le gouvernement parvient avec rapidité au plus haut point de la corruption, et le peuple contracte les vices et la férocité des tyrans, BARTHÉLEMY Anach. ch. 62.Par analogie. Ce vin a contracté un goût fort désagréable.4° Contracter une maladie, en être atteint.Par analogie.• Pour comble de ces excès, on ne contracte ni péché, ni irrégularité, en tuant de cette sorte sans autorité et contre les lois, quoiqu'on soit religieux et même prêtre, PASC. Prov. 14.5° Se contracter, v. réfl. Être fait par obligation. Cet engagement se contracte au pied des autels.Par extension. Les dettes se payent moins aisément qu'elles ne se contractent.Être acquis. C'est une bonne habitude qui se contracte par la persévérance.Survenir, en parlant de maladies. Les affections du foie se contractent aisément sous la zone torride.XVIe s.• Je suis rendue en France sans estre accordée, promise, ny contractée avec homme vivant, CARL. I, 26.• .... Qu'elle se devoit bien garder de comprendre Gennes en aucune ligue en laquelle sa dite saincteté fut contrahente, M. DU BELL. 178.• Aussi y entrerent les Genevois, mais comme contrahans, et non comme subjects de l'empereur, M. DU BELL. 182.• Bien aviser de vous garder d'estre enferré, en contractant inconsiderément avec un mauvais vendeur, O. DE SERRES 9.• Voyant que ce n'estoit point une maladie ordinaire, ny contractée des causes accoustumées et communes, AMYOT Comment il faut lire les poëtes, 32.• Suivant ce qu'ils avoient contracté ensemble, AMYOT Pomp. 75.• Contracter mariage, AMYOT Solon, 38.• Contracter alliance, AMYOT Sylla, 8.• Ne contracte pas legerement avec toute personne, AMYOT Comment il faut nourrir les enfants, 37.• Sont reputez aubains ceux qui sont natifs hors des pays de nostre souverain seigneur et y viennent contracter domicile et y faire demeurance, Nouv. Coustum. génér. t. II, p. 871.• Nous disons communément rompre la paille ou le festu avec quelqun, quand nous nous disposons de rompre l'amitié que nous avions contractée avec lui, PASQUIER Recherches, p. 747, dans LACURNE.Contrat, écrit autrefois contract.————————contracter 2.(kon-tra-kté) v. a.1° Resserrer, réduire le volume.• C'est par pressentiment que l'araignée sortant de son oeuf.... tisse sa toile.... en croise les fils, les contracte pour en éprouver la force...., BERN. DE S-P. Harm. liv. V, Harmon. anim..2° Terme de grammaire. Réunir deux voyelles ou deux syllabes en une seule. On contracte à le en au, de le en du.3° Se contracter, v. réfl. Devenir plus court par resserrement. Les muscles se contractent pour agir.• L'étamine, touchée avec la pointe d'une aiguille, se contractait en dessous, BONNET Contemplation de la nature, 10e part. ch. 33.4° En termes de grammaire, se confondre, se réunir. Ces deux syllabes se contractent en une seule.Voy. contracte. Contracter, s'engager par contrat, et contracter, resserrer, sont, étymologiquement, par rapport au latin, un seul et même verbe, venant tous deux du participe latin contractus, devenu substantif dans contractus, contrat, et ayant au propre le sens de resserré. Mais ils sont aussi verbes distincts étymologiquement, par rapport au français, venant l'un du substantif contrat, l'autre de l'adjectif contracte.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.