- coffre
- (ko-fr' ; quelques-uns prononcent kô-fr' ; mais cette prononciation n'est justifiée par rien) s. m.1° Meuble en forme de caisse, dans lequel on serre toute sorte de choses. Un coffre plein. Le coffre au linge, à l'avoine.Piquer le coffre, attendre longtemps dans l'antichambre du roi, d'un grand seigneur, parce qu'à la cour il y avait des salles où l'on ne trouvait à s'asseoir que sur des coffres. Locution aujourd'hui inusitée.Il s'y entend comme à faire un coffre, se dit d'une personne qui fait mal quelque chose.Rire comme un coffre, rire à gorge déployée, par assimilation plaisante de la bouche qui rit à un coffre qui s'ouvre.Familièrement, raisonner, chanter comme un coffre, raisonner, chanter très mal ; par un assez mauvais jeu de mots entre raisonner et résonner.2° Caisse où l'on serre l'argent, et l'argent même qui est ainsi serré, les fonds, la fortune.• À force de faire de nouveaux contrats ou de sentir son argent grossir dans ses coffres, on se croit enfin une bonne tête et presque capable de gouverner, LA BRUY. VI.• Une pareille somme est comptée dans ses coffres pour chacun de ses autres enfants qu'il doit pourvoir, LA BRUY. ib..• Les biens d'un homme ne sont point dans ses coffres, mais dans l'usage de ce qu'il en tire, J. J. ROUSS. Hél. IV, 10.• Vous aurez beau ouvrir vos coffres, si vous n'ouvrez aussi votre coeur, J. J. ROUSS. Ém. II.Elle est belle au coffre, se dit d'une fille laide, mais riche.Cela sera sur ses coffres, se dit des pertes qui retombent sur quelqu'un.Les coffres du roi, les coffres de l'État, le trésor public.• Il mit tout l'argent de l'Égypte dans les coffres du roi, BOSSUET Polit..Coffre-fort, coffre de fer ou de bois fort épais, dans lequel on serre l'argent et les objets précieux. Ces coffres-forts qui défient les voleurs.• Ton beau-père futur vide son coffre-fort, BOILEAU Sat. X..• La clef du coffre-fort et des coeurs est la même, LA FONT. Le petit chien..Coffre-fort se dit aussi de l'argent, de la fortune.3° Par extension. Le coffre d'un carrosse, la partie d'un carrosse sur laquelle on met les coussins pour s'asseoir, et dont le haut se lève en couvercle comme celui d'un coffre.Le coffre d'un autel, la table d'un autel avec l'armoire qui est dessous.L'assemblage et le corps d'un clavecin, d'un forte-piano.4° La partie du corps que renferment les côtes.• Il était temps, l'abcès gagnait le coffre, et se manifestait par de grands frissons, SAINT-SIMON 130, 191.• Pourquoi il a fallu faire ce coffre de la poitrine de plusieurs pièces qu'on appelle côtes, BOSSUET Conn. II, 7.Avoir le coffre bon, être bien constitué quant aux fonctions de la respiration et de la digestion.• Étant bien conformé par le coffre et ne faisant d'excès d'aucune espèce, J. J. ROUSS. Conf. v.• Soixante-dix ans et un catarrhe.... il ne pourra aller loin. - Et voilà ce qui vous trompe ; il ira loin, il ira très loin ; le coffre est bon, BAYARD et G. DE WAILLY Ma place et ma femme, II, 11.Terme de chasse. Corps d'une bête fauve dont on a fait la curée.En termes d'hippiatrique, cette jument a un grand coffre, un beau coffre, elle a les flancs fort larges.Des coffres à avoine, se dit de grands chevaux auxquels il faut beaucoup d'avoine.5° Terme de jardinage. Carré long formé de planches posées de champ pour recevoir des châssis ou panneaux. On dit aussi caisse.Terme de marine. Coffre d'amarrage, corps flottant muni de deux organeaux.Terme d'art militaire. Charpente qui soutient les terres dans une mine de guerre.Logement creusé dans un fossé sec, peu différent de la caponière, qui sert aux assiégés pour empêcher qu'on ne passe le fossé.Terme de ponts et chaussées. Caisse sans fond, formée de pièces de bois et de madriers.Terme de maçonnerie. Faux tuyau dans une souche de cheminée.Tuyau que l'on enfonce dans un trou de sonde.Terme d'hydraulique. Synonyme de chambre d'écluse.COFFRE, BAHUT. La différence entre ces deux meubles, c'est que le bahut a le couvercle en rond, tandis que le coffre peut avoir le couvercle plat ou arrondi.XIIIe s.• [Il] N'i ot sommiers à coffres ne dras troussés en malle, Berte, XXVII..• Deux coffres bien garnis d'or et d'argent, Chron. de Rains, p. 6.• Marcis, marcis [marquis], où sont li mil chevalier que vous deviés faire salir de vos cofres ?, ib. 112.• Forgier, escrin, cofre, Liv. des mét. 105.• Mais au venir li mesavint, Car sa droiture ert en son coffre, Si fu pilliez en roi de coffre, RUTEB. II, 71.• En mi la sale sus un coffre Est assise mate et pensive, RUTEB. II, 31.• Le roy emporta dix mille livres de parisis que il avoit en ses cofres, et chascun an autant, JOINV. 207.XIVe s.• À dens saisi le coffre, sans point de l'atargier, Baud. de Seb. V, 908.• Godefroy le Fevre, varlet de chambre et garde des coffres de monseigneur duc d'Orleans, DE LABORDE Émaux, p. 219.XVe s.• Et ces brigands brisoient maisons, coffres et escrins, et prenoient quant qu'ils trouvoient, FROISS. I, I, 324.• Et moult de maisons et de femmes robées et pillées, violées et destruictes, et des coffres effondrés, FROISS. II, II, 158.• Promis avez sur le mois de fevrier Que vous serez sa besongne ordonnans, Et le ferez sur vos coffres payer, E. DESCH. Poésies mss. f° 208, dans LACURNE.• Et enclos, pour plus grant seurté, Ou [au] coffre de ma souvenance, CH. D'ORL. Ball. 32.XVIe s.• Il commença à faire une barricade sur le bout du pont levis, en y plaçant un buffet et deux coffres, D'AUB. Vie, XX..• À attendre dans la garde-robe de son maistre assis sur des coffres, D'AUB. ib. XL. L'equipage fut de douze chevaulx, deux mulets de coffres, etc. CARL. III, 6.• Je dis à Barbaut que je ne pouvois retourner arriere que je n'eusse mandement de monsieur de Barie, et que, si la ville se perdoit, tout cela tomberoit sur mes cofres, MONTLUC t. II, p. 73, dans LACURNE.• Lettres patentes, afin de faire ouvrir les coffres des prisons, et mectre en liberté les prisonniers detenuz pour le faict de la religion, CONDÉ Mémoires, p. 571.• En coffre ouvert le juste peche, COTGRAVE .Berry, couffre ; provenç. et espagn. cofre, ital. cofano ; du latin cophinus.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRECOFFRE. Ajoutez :6° Coffre d'une batterie, masse de terre qui lui sert d'épaulement.7° Fig. Être sur les coffres de Malte, être sans argent, ancienne locution aujourd'hui inusitée tirée de ce que les chevaliers de Malte faisaient voeu de pauvreté.• Monsieur le chevalier [le frère de M. de Grignan] voulait que vous allassiez sans officiers à Marseille, déclarant que vous êtes sur les coffres de Malte, SÉV. à Mme de Grignan, 25 fév. 1689, dans Lett. inédites, éd. Capmas, t. II, p. 239.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.