- ciller
- (si-llé, ll mouillées, et non si-yé) v. a.1° Faire toucher et séparer les cils des deux paupières. Il ne fait que ciller les yeux, les paupières.Absolument, fermer les yeux pour une émotion, une surprise, etc. A ce violent coup de tonnerre tout le monde a cillé.Personne n'ose ciller devant lui, se dit d'un homme impérieux devant lequel personne n'ose rien se permettre.2° Terme de fauconnerie. Coudre les cils ou les paupières d'un oiseau de proie.3° Ciller, v. n. Se ciller, v. réfl. On dit qu'un cheval commence à ciller ou à se ciller, lorsque des poils blancs se montrent vers l'arcade orbitaire ou les tempes : c'est un signe de vieillesse avancée.XIVe s.• Le faucon ne doit point estre chillé trop estroict, ne le fil de quoy il est chillié ne doit estre trop delié, ny ne doit estre noué sur la teste, ains doit estre tors, Modus, f° LXXVIII.• Il convient que l'un tiengne l'esprevier par les esles du corps, et l'autre le prent par le becq et le cillera [coudra les paupières], Ménagier, III, 2.XVIe s.• En une minute de temps, et moins qu'on ne mettroit à ciller l'oeil, le son de la trompette penetrera par tout, CALVIN Instit. 804.• Soustenir l'esclat des pompes sans ciller les yeulx, MONT. I, 171.• Il fault qu'il [le philosophe] cille les yeulx au coup qui le menace, il faut qu'il fremisse planté au bord d'un precipice, comme un enfant, nature ayant voulu se reserver les legeres marques de son autorité inexpugnable à nostre raison et à la vertu stoïque, MONT. II, 20.• Caton ne respondit rien, ains regarda seulement ces estrangers au visage d'un regard fiché sans ciller, AMYOT Cat. d'Utiq. 3.• Les serpents usent de fenoil, et scillans les yeux en frottent les paupieres pour recouvrer la veuë, PARÉ Animaux, 1.Cil ; ciller c'est d'abord remuer les cils, puis coudre les cils, et enfin avoir des cils blancs. Ménage le tire de sigillare, sceller ; mais ni le sens ni la forme ne permettent cette étymologie.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRECILLER. - HIST. Ajoutez : XIIe s.• Oilz ne clot pas si tost ne cille, Com chevaliers i chient [tombent] morz, BENOIT DE STE-MORE Roman de Troie, V. 19137.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.