- chérir
- (chè-rir) v. a.1° Avoir beaucoup d'affection pour quelqu'un. Chérir ses enfants.• Un homme comme lui, de mérite et d'honneur, Et qui vous chérissait avec idolâtrie, MOL. Mis. V, 6.• Jamais oeillade de dame, Propos flatteur et gracieux, Mot d'amitié ni doux sourire, Déifiant le pauvre sire, N'avaient fait soupçonner qu'il fût vraiment chéri, LA FONT. Fabl. IX, 15.• Il est aimé des grands, il est chéri des belles, BOILEAU Sat. VIII.2° Aimer d'un amour qui a quelque chose du culte. Chérir sa patrie. Chérir la mémoire de ses amis.3° Tenir beaucoup à.• Qui chérit son erreur ne la veut pas connaître, CORN. Poly. III, 3.• Alzire, jusque-là chérissions-nous la vie ?, VOLT. Alz. V, 5.• J'ai chéri plus que toi la gloire de ta vie, VOLT. M. de Cés. I, 1.Par analogie.• L'occasion est belle, il nous la faut chérir, CORN. Hor. II, 3.• Je chéris, j'acceptai, sans tarder davantage, L'heureuse occasion de sortir d'esclavage, RAC. Baj. V, 4.• Je ne suis pas de ces médecins qui ne chérissent que leurs opinions et qui, plutôt que d'en démordre, aiment mieux laisser mourir un malade, HAUTEROCHE Crispin méd. II, 9.4° Se chérir, v. réfl. Avoir une affection mutuelle.• Très sots enfants de Dieu, chérissez-vous en frères, VOLT. Ép. 97.Avoir de l'affection pour soi-même.Être chéri. La vertu ne peut trop se chérir.XIIe s.• Ne Olivier qui tant fit à cherir, Ronc. p. 101.• Et li reis Loewis e Franceis l'unt cheri, Th. le mart. 95.• Li prelat sunt serf Deu, li reis les deit cherir, ib. 70.XIIIe s.• Ma primeraine famme [j'] amai mout et chieri, Berte, CVIII.XVe s.• Se je vous ay en mes dictez [vers] cheri [caressé, célébré], E. DESCH. Poésies mss. f° 366, dans LACURNE.• S'avança le roy, et embrassa Garifer le jeune, et le baisa par moult de foys ; si fist-il Nestor ; et quant il eut les enfants assez cheri [caressé]...., Perceforest, t. II, f° 4, dans LACURNE.XVIe s.• Combien qu'il eust entendu qu'en son absence le roi la cherissoit, si n'en put-il rien croire, MARG. Nouv. III.• Pourquoi il cherissoit ainsi ce jeune homme là seul, et abominoit tous les autres, AMYOT Anton. 91.• Madame, ces vers meritent que vous les cherissiez ; car vous serez de mon advis qu'il n'en est point sorty de Gascoigne qui eussent plus d'invention et de gentillesse, MONT. I, 222.• Tout du long du chemin venoient cherir la belle Les loups et les lyons à la face cruelle, BAÏF Oeuvres, p. 167, dans LACURNE.Cher.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.